Frédéric Daerden (PS): des bancs de HEC au siège du parti


Dans On débat
Célia Hellas

Daerden

D’abord connu pour son nom, puis pour sa personnalité, Frédéric Daerden débute dans le monde des affaires pour ensuite mettre un pied en politique. Le vice-président du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles continue de suivre les traces de son père. Retour sur sa rapide ascension.

Des étagères rouges, un comptoir de bar et une vue sur la Meuse. Pas de doute, nous sommes à la fédération liégeoise du Parti socialiste. C’est ici que Frédéric Daerden, première figure du PS liégeois, prépare la campagne à deux mois des élections. 

Ancien étudiant de la Haute école de commerce de Liège (HEC), sa voie est déjà toute tracée. Son but: devenir réviseur d’entreprise afin de rentrer dans le bureau révisoral de son père. 

Pendant sa première année de bachelier, le fils Daerden tâte déjà de la démocratie représentative. Motivé, il se présente à l'élection du président des étudiants de HEC. Mais cette tentative marque sa première défaite politique.

Déjà à cette époque, il déclare son envie «d’être au service des autres», belle formule qu’il énonce avec un sourire. En réalité, le Frédéric de l’époque ne cache pas sa nature de «guindailleur», qu’il entretient encore aujourd’hui: «J’ai toujours apprécié la convivialité, les relations avec les autres.»

Son père, Michel Daerden, le prend sous son aile en tant qu’assistant pour son cours de droit des entreprises à HEC. En 1995, Frédéric postule pour remplacer son paternel et décroche le poste. Aujourd’hui, le ministre souhaite se consacrer pleinement à la vie politique et préfère laisser sa place à un professeur actif dans le domaine. Il abandonne sa place dans le cabinet de son père DC&CO en 2011 Frédéric Daerden ne se sent plus aussi légitime à cette position.

Parachutage à Herstal

Préférant ne pas faire de l’ombre à son père à Ans et attiré par le paysage politique de Herstal, Frédéric Daerden décide d’y faire son nid. Un parachutage qui n’est pas facile au début.

Il se souvient du moment où il s’est présenté pour la première fois aux élections communales, en 2000. Jean Namotte, bourgmestre de l’époque, lui annonce qu’il doit d’abord passer le «Poll», l’élection interne du parti. «Fredo», déjà député wallon à l’époque, ne fait donc pas exception à la règle. Classé 22ᵉ sur 33, le résultat n’est pas glorieux. «J’étais à la fois content d’y être mais aussi étonné de ne pas avoir été davantage plébiscité.»

Finalement, il sera quand même élu échevin grâce au soutien des électeurs. Bourgmestre depuis 2006, Frédéric Daerden a réussi son pari. «Maintenant, je suis Herstalien. On ne parle plus de mon attachement à Ans.»

L’ami Fredo

Si sa relation semble parfois compliquée avec le MR, le socialiste rappelle qu’au-delà des débats et des désaccords, il y a surtout de la gestion commune. Pierre-Yves Jeholet, ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, partage la même position: «Au gouvernement, il faut toujours faire des compromis. Quand on se bat, on ne réforme pas. Et puis c’est quelqu’un d’agréable. On se dispute parfois, mais les trois quarts du temps, on travaille et on rit ensemble.»

La leadeuse d’Ecolo à Liège, Sarah Schlitz, le surnomme «Fredo», comme presque tout le monde. Une proximité qu’il modère de son côté, même s’il admet l’existence de certaines convergences entre leurs deux points de vue. 

Avec le PTB, cela coince un peu plus. Pour Nadia Moscufo, «il n’est pas le pire» mais les décisions du bourgmestre ne s’accordent pas avec sa vision de Herstal. Elle lui reproche notamment d’avoir engagé la ville sur un contrat de 40 ans avec Parking 4040, anciennement Urbeo Besix Park. Généralement, elle pointe du doigt sa proximité avec d’importants promoteurs immobiliers, l’accusant de favoriser la construction de logements hors de prix.

Liège, Liège, ouvre-toi

Pour Frédéric Daerden, une vision supra-communale semble évidente, surtout à l’époque actuelle. «Liège et ses environs représentent un lieu de vie important qui doit exister au niveau de la Région et du pays plus globalement.» La Cité ardente n’existe pas seule et il insiste sur cet aspect: «On a voulu être le village gaulois où nous sommes les plus forts contre le restant de la Terre, alors que nous avons un certain nombre d’atouts que l’on doit utiliser au service du développement liégeois mais aussi de la Wallonie et du pays.» La ville connaît aujourd’hui un certain déclin économique et social. Saura-t-il, au niveau fédéral, rendre son éclat à Liège, cette ville «en pause» via une politique d’ouverture au monde? Encore faut-il qu’il soit réélu, même s’il ne semble pas très inquiet. Le paysage politique liégeois n'est-il pas dominé par le Parti socialiste depuis 50 ans?

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