Les 12 travaux de Vanessa Matz (Les Engagés)


Dans On débat
Célia Hellas

matz

Elue à 21 ans, Vanessa Matz a enchaîné les mandats au point de faire carrière en politique. Des bancs du conseil communal d'Aywaille au Parlement fédéral, portrait d'une Engagée déterminée et indépendante. 

Plutôt "littéraire" dans sa jeunesse, Vanessa Matz a finalement opté pour des études de droit à l’Université de Liège. Un choix opéré après mûre réflexion. "Je me voyais très mal m'orienter vers des études à HEC qui allaient m’amener vers le monde des entreprises et du privé." Elle choisira le droit administratif et public, plus en accord avec ses valeurs.

Déléguée étudiante au conseil de faculté, c'est par l'intermédiaire d'un ami des mouvements de jeunesse, membre du Parti social-chrétien (PSC, devenu CDH en 2002 puis Les Engagés en 2022), qu'elle fait ses premiers pas en politique. Elle est élue à Aywaille aux communales d'octobre 1994. "À 21 ans, on m'a dit que je pouvais devenir échevine directement, suite à mon score électoral. Mais j'ai refusé, préférant d'abord apprendre le métier au sein du conseil communal. 

Une femme enceinte aux travaux

Nommée échevine des travaux à 24 ans, elle est alors enceinte de son premier garçon. Responsable d'une matière "d'homme", entourée de collègues masculins plus âgés, Vanessa Matz annonce un vent nouveau. "C'était une petite révolution d'avoir une femme au Collège, qui propose en plus des projets innovants" Elle a par exemple mis en place très tôt une collecte d'immondices et de tri sélectif à Aywaille. "Il a fallu que je bataille dans toute la commune car on n'avait jamais fait comme ça. Mais si on m'a élue, c'était peut-être pour faire les choses autrement."

Depuis sa prise de responsabilités, les mentalités ont changé. Même si la juriste est longtemps restée la seule femme du Collège. En 2008, elle devient sénatrice, mais ce n'est qu'en 2012, lorsqu'elle lâchera son mandat d'échevine après 14 ans de service, que d'autres femmes sont venues prendre leurs marques au sein du Collège communal. 

Match de foot

Faire sa place dans le monde politique est d'autant plus difficile en tant que femme. Outre le sexisme ordinaire, les postes à responsabilités restent généralement réservés aux hommes. Malgré les progrès réalisés, le fardeau du ménage demeure majoritairement sur les épaules des femmes, une réalité souvent minimisée dans cette sphère. “Sans mon mari, je n'aurais pas pu le faire”, confie-t-elle. La mère de trois enfants se souvient de réunions organisées lors des heures "chaudes" d'une vie de famille. Lorsqu'elle propose de les décaler à 20h, moment où les enfants dorment, on lui répond qu'il y a un match de foot à la télé. La députée souligne également le pragmatisme plus marqué de l'esprit féminin. Pourquoi perdre son temps à débattre pendant des heures sur un sujet?

L'incertitude et le doute

En 2020, à bout de souffle, le Centre démocrate humaniste doit se renouveler. Mais dans quelle direction? Vanessa Matz avoue avoir eu des doutes. A cause du Covid, l'opération "Il fera beau demain" tarde un peu trop avant d’accoucher d’un nouveau parti et d’un nouveau nom: "Les Engagés". La mandataire du CDH se rappelle d'une deuxième période d'incertitude: "La difficulté était maintenant de savoir comment incarner au mieux Les Engagés après avoir représenté le CDH." Malgré sa détermination à demeurer au sein du parti, la députée hésite longuement à abandonner la politique peu après la transition.

En septembre 2023, elle se confie au Soir sur son incertitude. "Je ne me reconnais plus dans ce que la politique est devenue, avec ses postures, ses slogans et les chamailleries sur les réseaux", déclare-t-elle alors. S'ensuit une longue période d'introspection. Ayant vécu la perte de sa sœur puis de son frère, souffrant d'une maladie lui infligeant d'horribles douleurs à la tête, Vanessa Matz se questionne: "J'ai énormément donné à titre personnel et je sais maintenant plus que jamais où est l'essentiel." Soutenue par son président de parti Maxime Prévot et par des proches, elle reprend goût à la politique. La principale raison? Empêcher la victoire de ce qu'elle désapprouve.

Au-dessus des clivages

Avec son totem, Tarpan (un petit cheval gris aujourd'hui éteint), Vanessa Matz partage un caractère rude et indépendant: "Il est aussi aimé des autres et rend facilement service", sourit-elle. Sarah Schlitz (Ecolo) et Freddy Debarsy (DéFi) confirment: "Une bosseuse, quelqu'un de sérieux". Nadia Moscufo (PTB) rajouterait l'adjectif "confus" à la liste: "Est-elle de gauche ou de droite?" Vanessa Matz partage plusieurs constats politiques du PTB et accorde une affection particulière à la Herstalienne. Mais elle se distancie de leur façon de faire. "Je ne suis pas d'accord avec les réponses, ou plutôt l'absence de réponses, du PTB."

Elle dénonce également la réactivité tardive des élus socialistes liégeois face aux problèmes d'insalubrité et d'insécurité. "Une image négative de Liège se développe, pourtant la ville regorge de ressources." L'Engagée salue cependant la réussite de "La Belle Liégeoise", la nouvelle passerelle reliant l'esplanade de la gare des Guillemins au parc de la Boverie, où elle aime aller promener ses chiens Naya et Kiara.

Au-delà des clivages politiques, Vanessa Matz reconnait un combat commun à tous les partis: "Le plus gros défi qu'ont les politiques, c'est de rendre confiance aux gens.” Un challenge qu'elle est prête à relever. Mais qui est loin d'être gagné.

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