Élections fédérales à Liège: quels enjeux pour la jeunesse?


Dans Dans l'actu On débat
Julien Beauvois

edito tous candidats

Les élections fédérales approchent à grands pas. Focus sur les candidats liégeois, et plongée dans leurs propositions à destination des jeunes en prélude à notre galerie de portraits publiée dès ce mardi.

Huit semaines pour convaincre. Le 9 juin au soir, les candidats et candidates aux élections fédérales compteront scrupuleusement les bulletins et les minutes pour savoir qui l'emportera en province de Liège. Qui gagnera le duel des barons entre le socialiste Frédéric Daerden, et son ministre-président Pierre-Yves Jeholet (MR)? Est-ce qu'Ecolo et le PTB conserveront leurs trois sièges, poussés par les deux fortes têtes de la gauche liégeoise, Raoul Hedebouw et Sarah Schlitz? Vanessa Matz, seule Liégeoise représentant Les Engagés à la Chambre, sera-t-elle l’alternative aux quatre premiers partis de la province? Enfin, François De Smet, président de DéFi a-t-il eu raison de parier sur Freddy Debarsy, novice en politique, pour faire passer la barre des 5% à la liste amarante?

Pour tout bousculer, ou pour que rien ne change, les partis devront compter avec les jeunes. En province de Liège, les 18-30 ans sont plus de 175.000. Ils représentent 20% du corps électoral. Un large public à conquérir. Pour ce faire, le PTB parie sur de jeunes candidats. Mehdi Salhi (30 ans) et Sofia Touhami (25 ans) occupent les troisième et quatrième places de la liste fédérale liégeoise. «Je ne vais pas mentir, avoir un message pour les jeunes est un objectif de campagne», affirme le ministre-président MR de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet. Cet impératif se traduit concrètement dans les programmes des six listes, que le Studiobus a scrupuleusement épluchés.

Majorité politique, service citoyen et alternance

Pour renforcer l’inclusion des jeunes dans le processus démocratique et citoyen, deux propositions s'affrontent: l'abaissement de la majorité électorale et le service citoyen. D’un côté, le PTB et Ecolo veulent élargir le droit de vote à 16 ans à tous les niveaux de la lasagne institutionnelle belge. Les socialistes rejoignent l’idée à demi-mot, se contentant de préciser qu’en cas d’extension du droit de vote «à de nouvelles catégories de la population», il devrait être obligatoire. Aucune mention de cet élargissement chez Les Engagés ou les libéraux. Dans sa conception d’une citoyenneté forte, DéFi propose aussi de «réfléchir à une forme de ritualisation de l’accès à la majorité politique: le Collège communal inviterait chaque année les jeunes de 18 ans pour les accueillir dans la communauté des électeurs». De leur côté, le MR et les amarantes préfèrent un service citoyen volontaire et généralisé pour les jeunes, soit un travail rémunéré au bénéfice de la collectivité, avec formation professionnelle.

Des écologistes aux libéraux, tous sont d’accord pour encourager les bacheliers et masters organisés en alternance, afin de poursuivre des études tout en gagnant de l'expérience dans le monde professionnel. Sur ce point, le PTB insiste surtout sur la revalorisation de la rémunération. Tous, avec le PS, souhaitent faciliter l’accès aux bourses d’études. De même, tous les partis sont critiques de l’instauration d’un concours d'entrée en médecine et en dentisterie depuis la rentrée 2023, à l’exception du MR. Le parti libéral propose même un concours d’entrée en médecine vétérinaire, et un durcissement de l’accès aux études supérieures pour les étudiants étrangers, dans le but de limiter l’inflation des inscriptions.

Des pass partout

Comment assurer aux étudiants et jeunes travailleurs un revenu correct pour entrer correctement dans la vie active? Le PTB et le PS proposent un salaire minimum pour les jeunes employés et étudiants jobistes, aligné sur les salaires minimum du secteur. Ecolo imagine un revenu de base pour les 18-26 ans à long terme, et à court terme le rétablissement des allocations d’insertion. Pour Les Engagés, DéFi et le MR, il faut avant tout encourager l’esprit entrepreneurial des jeunes travailleurs. Les premiers proposent de défiscaliser les 100.000 premiers euros gagnés. Les seconds, une année de spécialisation pour les bacheliers souhaitant s’installer comme indépendant ou créer une PME. Les troisièmes souhaitent baisser les charges fiscales des étudiants-entrepreneurs, et augmenter la limite autorisée à 700 heures travaillées pour les étudiants jobistes.

Tous les partis ont saisi l’importance de la santé mentale chez les jeunes, et chacun souhaite faciliter l’accès à la sensibilisation et aux soins. Cela passe par la création de «maisons de l’adolescent» proposant des soins généralistes et psychologiques (PS), la gratuité des soins psychologiques «de première ligne» (Ecolo), d’un «pass santé mentale» (Les Engagés), ou une consultation globale de santé gratuite «à 25, 45 et 65 ans» (DéFi). Le MR mise surtout sur la prévention par des «évènements éducatifs (...) visant à sensibiliser les jeunes aux risques associés à la consommation d'alcool et de drogues, ainsi qu'à l'importance du bien-être mental», et sur la promotion des dispositifs gratuits et à faibles coûts déjà existants.

Enfin, le sujet de l’accès à la culture trouve des points d’accords improbables, le MR comme le PTB étant favorables à la création d’un «pass-culture» pour les jeunes, sur les modèles français et italien. Le PS, rejoint par les libéraux, souhaite discuter d’un tel dispositif au niveau européen, pour encourager de même la mobilité des jeunes. Les Engagés, eux, misent sur un «pass rail» pour visiter l’Europe, et la gratuité du «pass musée» pour les moins de 25 ans. Pas de «pass» partout pour Ecolo, qui priorise «le droit à la fête» en sécurité, et le soutien aux associations et aux maisons de jeunes pour diffuser la culture à l’ensemble de la jeunesse.

Bataille d’égos

En province de Liège, ces programmes sont défendus par des figures connues de la politique wallonne et nationale, qui se voient déjà en haut de l’affiche. «Je suis disponible », appelle du pied Sarah Schlitz, qui a quitté le gouvernement fédéral avec pertes et fracas en avril 2023. Pierre-Yves Jeholet, lui, pose ses conditions: «Si on est appelé aux négociations, j’y participerai. Un poste de ministre se refuse rarement. Mais si c’est pour discuter d’un programme "à gauche toute", auquel je ne crois pas, je ne participerai pas». De l’autre côté, le PTB et son président entretiennent l’ambiguïté, entre allusions à une coalition à gauche sous conditions, et attaques à boulets rouges contre les socialistes. La querelle Hedebouw-Magnette de la participation au pouvoir se décalque également à l'échelle locale. Frédéric Daerden, aussi bourgmestre de Herstal, reproche à Nadia Moscufo, deuxième sur la liste fédérale PTB, son obstination à rester dans l’opposition. Vanessa Matz, la députée fédérale Les Engagés, reste déterminée à incarner une authenticité politique, loin des slogans et des petits jeux de pouvoir. A Freddy Debarsy incombe la lourde tâche d’incarner un parti amarante qui, en 2019, atteignait péniblement 3% des voix.

Pour aider la jeunesse liégeoise à faire un choix parmi ces programmes et ces figures, le Studiobus a rencontré les porte-voix des six principales listes. Comment ont-ils forgé leurs convictions? Quels étaient leurs combats de jeunesse? Quel rapport entretiennent-ils à la Cité ardente? A partir de ce mardi, retrouvez leurs portraits sur le site du Studiobus.

Nos portraits politiques :

Sarah Schlitz, Ecolo et sans regrets

Les 12 travaux de Vanessa Matz (Les Engagés)

Du Aldi de Herstal à la Chambre, l'ascenceur social de Nadia Moscufo (PTB)

Pierre-Yves Jeholet, du quatrième au premier pouvoir

Frédéric Daerden (PS): des bancs de HEC au siège du parti

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