« Quand je vois le monde, je me taperais la tête au mur »


Dans On débat
Élise Tahay

Bêtises et premiers amours, Colette a été une ado comme les autres. À 23 ans, elle devient sœur. Issue d’une famille peu pratiquante, n’ayant jamais côtoyé l’école catholique, rien ne la prédestinait à cette vie religieuse. Sœur Hôtelière, elle accueille toute  personne croyante ou non qui vient toquer à la porte de l’Abbaye Notre Dame de Brialmont à Esneux. Sa vision du monde mérite une écoute. 

Élise Tahay : Êtes-vous équipée d'Internet, ne serait-ce que pour suivre l’actualité ?

Sœur Colette : C’est inévitable de rester connectée : tous nos secteurs sont informatisés. Cependant, si tu regardes les infos 24h/24, ta vie défile et tu oublies l’essentiel. Nous accueillons des réfugiés ukrainiens qui ont à chaque instant des nouvelles de ceux restés au pays. Regarder constamment les images de ce conflit à travers leurs écrans impacte leur santé mentale. C’est très beau, Internet, mais il faut savoir s’en servir avec une certaine maîtrise de soi.

Que pensez-vous du système économique actuel ?

Quel créneau économique le monde propose-t-il ? Soit tu es au chômage, soit tu es engagé dans des sociétés qui ont pour objectif principal la rentabilité et la progression. L’homme est un objet qui doit produire au profit du capitalisme. J’accueille beaucoup de personnes en burn-out qui ne se retrouvent plus au niveau familial, personnel ou dans leur travail. Pourquoi vivre dans un système de surproduction au détriment de l’homme et passer à côté de l’essentiel de ce que nous devons vivre ?

Comment pouvons-nous améliorer le monde ?

Quand je vois le monde, je me taperais parfois la tête au mur. Je ne sais pas où il va, mais je sais que sa fin aboutira à un monde sauvé. C’est ma foi, j’en suis convaincue. Le chemin est long mais nous pouvons l'entreprendre par petit pas. Que puis-je faire pour rendre mon voisin plus heureux ? Pour veiller à la planète ? Pour trouver l’équilibre qui va me permettre de m’engager dans le monde de demain ?

« La réalité d’aujourd’hui est inscrite dans l’écriture », paraît-il...

On peut s'inspirer de la parole des grands sages comme Dalaï-Lama, Pierre Rabhi, Gandhi…  Ce qu’ on vit, on le retrouve dans la Bible. La réalité d’aujourd’hui est inscrite dans l’écriture. Quand on lit l’Ancien Testament, on lit ce récit de violence mais aussi ces cris d’espérance vers une démarche de paix .Le péché originel, c’est la possession. Et que fait Poutine aujourd’hui ?  Pourquoi vouloir posséder ce que le voisin a si on vit chacun en paix chez soi ? Vivons à notre échelle ce que l’on souhaite à l’humanité. Ce n’est pas notre rôle d’aller voir Poutine, mais l’impact que nous avons sur notre entourage, nos choix alimentaires et écologiques rayonnent aussi sur le monde.

Ressentez-vous des tensions entre sœurs  ?

Crois-tu vraiment que 10 bonnes femmes vivant ensemble avec chacune leur caractère ne se disputent jamais ?

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