Harcèlement à l'université : mort à la main baladeuse


Dans À l'unif On débat
Valentine Pasque

Photo : Lola Carvajal

Ce lundi 2 mai l’émission Esprit ouvert proposait son premier acte, dédié au harcèlement à l'université. Plusieurs témoignages récoltés dénoncent le sexisme ordinaire et les mains baladeuses. Comment prévenir ce fléau invisible ?

« L’université peut-elle devenir une « safe place » ? La question est posée d’emblée à Anne-Sophie Nyssen, vice-rectrice à l’enseignement et au bien-être, sur le plateau d'Esprit Ouvert. Balance ton porc, ton bar, ton folklore... La question du harcèlement sexuel s’invite de plus en plus dans le débat. Elle secoue toutes les sphères de notre société, et s’immisce aujourd’hui dans le milieu académique belge. 

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De gauche à droite : Elena Sciera, étudiante membre du cercle féministe Uliège, Zoé Vermeersch et Valentine Pasque, présentatrices, et Anne-Sophie Nyssen, vice-rectrice à l’enseignement et au bien-être.

Des aides ? Oui, mais avec un mais...

« Avez-vous déjà été victime de harcèlement dans le milieu académique ? » Les réponses et témoignages collectés en amont de l'émission, trônent sur un plateau silencieux. « On m’a dit qu’un professeur aurait eu des propos un peu limite pendant un examen. Il aurait précisé à une élève que, dans le cadre de relations au lit, il aimait qu’on le vouvoie ». Anne-Sophie Nyssen, un stylo à la main, prend note.

Interpellants, ces témoignages interrogent la part d’aide concrète apportée par l’université en cas de harcèlement en ses murs. « Tout commence par le dépôt de plainte », explique la vice-rectrice. Elle encourage les victimes à se tourner vers les affaires étudiantes de l’université, où une enquête interne sera ensuite lancée.

Anne-Sophie Nyssen explique que l'université constitue un relai pour les étudiants dans leurs démarches pour s'extirper du harcèlement. Si un cadre existe pour les épauler, encore faut-il que les victimes osent entamer des poursuites. Un deuxième enregistrement sonore vient mettre en lumière cet obstacle : « Seriez-vous prêts à parler en cas de harcèlement ? » Les étudiants répondent presque unanimement par la négative. Pourquoi ? Peur des conséquences sur leurs études, angoisse de ne pas être pris au sérieux par un corps enseignant quasi-exclusivement masculin, impression que les professeurs demeurent intouchables... Les réticences les paralysent. 

Il semble pourtant capital que les voix s’élèvent. La création artistique peut leur servir de tremplin. La dernière partie de l’émission met le pouvoir libérateur de l’art à l'honneur. Elise Labiaux, ancienne étudiante à l'Uliège, déclame un slam de sa plume. Sans hésitation, d’une voix déterminée, elle dénonce l'omniprésente main baladeuse, parasite insidieux du quotidien.

La prestation, qui referme ce premier talk-show, laisse le public avec plus de questions que de réponses. À l'Université, comme partout ailleurs, de nombreux efforts restent nécessaires pour entraver cette main inarrêtable.

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