Photos : Lola Carvajal
Maylee, Léa, Sam, Lucas et Clémence étudient dans des domaines différents mais évoluent ensemble sur les planches. Leur troupe « Les Amphigouriques » performe des pièces existantes sans prise de tête.
Arrêtez de chercher le jeu de mots avec « amphi » : gourique ne veut strictement rien dire. « L’amphigouri » définit un discours étrange, pourvu de contours flous. « Cette image correspond à celle que notre troupe de théâtre renvoie », juge Lucas, metteur en scène. Le mot, dont Stendhal s'est inspiré dans « Le rouge et le noir », annonce d'emblée la couleur.
Le groupe s’est formé en octobre 2019, dans l’esprit de se démarquer des autres troupes théâtrales de l’université. L'envie initiale vise à sortir des thèmes académiques ou des « inside jokes » pour représenter une fois par an des pièces déjà écrites.
Certains viennent d’études en romanes, d’autres en communication, ou encore de kinésithérapie. Ces quatorze comédiens et comédiennes assument leur condition d'amateur. « Nous n'aspirons pas à sélectionner des acteurs avec beaucoup d’expérience. Plutôt à ce qu'ils cohabitent et évoluent ensemble. Peu importe qu'ils aient huit ans de métier ou aucune performance à leur actif, les curieux peuvent nous rejoindre et s'améliorer parallèlement à ceux déjà en place. Tout le monde s'entraide, se tire vers le haut ».
La passion ne doit aucunement entraver les études. Les répétitions s'organisent en fonction des horaires de chacun, et ce parfois à distance, même si l’émotion et la spontanéité passent alors un peu à la trappe. « Les cours restent la priorité, surtout durant les périodes de blocus ou d'examens. » Les comédiens se montrent vigilants : pas question de déranger ses camarades dans les moments cruciaux. Mais concilier le cursus scolaire et la comédie devient parfois trop complexe. La bande se souvient d’une étudiante océanologue qui a dû abandonner le théâtre pour se consacrer à son master. Ainsi, les arrivées, départs et remplacements rythment le développement de la troupe. « On maintient l’envie de rencontrer des collaborateurs issus de filières et facultés différentes. Aujourd’hui, on bénéficie d'une parfaite cohésion de groupe, même si on reste ouvert aux nouvelles recrues ».
Parmi les Amphigouriques, seul Lucas détient un statut d'étudiant-artiste. Il lui permet de reporter des échéances ou de manquer certains travaux pratiques. Cette exception n’est pas forcément jalousée par les autres membres. L’implication dans la pièce ne semble pas si chronophage. « Je pensais que le défi viendrait de l'apprentissage du texte, mais je me rends finalement compte qu'on l'intègre assez vite. Mis à part la présence aux répétitions, la charge de travail reste raisonnable », considère Léa, une des comédiennes.
Pour raffermir les liens entre eux, les comédiens n’hésitent pas à se fréquenter en dehors du théâtre, pour aller boire un verre, par exemple. De l'alliance entre ces activités et leur passion commune est née une amitié sincère.
Léa se réjouit : « en fait, on n'est rien de plus qu'un groupe de potes qui performent et progressent ensemble ». Malgré l’amusement qui règne pendant les répétitions, le sérieux ne s’est pas estompé. « Quand on reçoit une remarque, même venant d'un ami, elle s'accompagne toujours d'une justification constructive. On est suffisamment proches pour ne pas se vexer face aux commentaires », assure Clémence.
Pour sa deuxième représentation, la troupe mise sur « Le voyage de monsieur Perrichon » d’Eugène Labiche et Édouard Martin. Cette comédie intelligente inspirée du vaudeville se déroule au XIX° siècle, contrairement à leur première pièce, située dans une époque contemporaine. Ce contexte d'antan nécessite en conséquence des décors et costumes plus élaborés. L'équipe souhaite également accompagner sa performance de musique. Leur financement proviendra d'une combinaison entre des dons, des sponsors et leurs recettes. Rendez-vous en février 2023.
