Le Hérisson Bar : vie nocturne en confinement


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Zoé Vermeersch

Le manque de vie sociale angoisse. Les soirées Netflix ne suffisent plus à combler ce vide. Au rythme des décisions gouvernementales, le cœur balance. Inextricable fatalité. Strict égoïsme ou altruisme exacerbé ? Hugo, 25 ans, tranche. Il est temps de profiter et de (se) faire plaisir, peu importent les conséquences.

Hugo bar Hugo, "gérant" du Hérisson Bar

Hugo le sait : se réunir représente un risque. Ouvrir un bar ne fait pas vraiment partie des recommandations ministérielles. Sauf que boissons et confinement ne font pas bon ménage. Une lassitude s’installe. Le plaisir du partage parait trop loin. Alors, entre deux bières, une idée germe. Pourquoi ne pas amener l’Horeca chez soi ? La proposition semble farfelue, mais plait à Hugo et Marvin, deux amis de longue date. Le Hérisson Bar sort de son terrier. Deux coups de marteau, un plan de travail et quelques éclairages plus loin, voilà un jardin familial transformé en lieu de rencontre et de fête. « Quand on est arrivé vers la fin des travaux, ça été le moment où je me suis dit que ça pouvait vraiment se concrétiser », explique Hugo, initiateur du projet. Deux mois ont suffi à mettre tout en place avant la soirée d’inauguration, le 24 avril dernier. Une vingtaine de personne s’étaient réunies ce jour-là. « Ce premier événement s’est très bien passé, parce que c’étaient des gens comme nous, en manque. On voulait se retrouver, boire un verre, se poser autour d’un feu ».

Marvin

Vivre le moment présent, au dépend des risques. « Le but, c’est de se faire plaisir et que ça fasse plaisir aux gens ». Le jeu en vaut la chandelle. Rebelle mais pacifique, leur démarche ne relève pas de l’antisystèmisme. ll s'agit de nuancer. Hugo ne cherche pas à provoquer, et assumera les conséquences en cas de plainte. Pas de faux-semblants. « On n’a rien de spécial de prévu si la police débarque. Je jouerai la carte du manque de culture et de contact sociaux ». Par contre, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. L’organisation des soirées dépend du bon vouloir des voisins. « Je les ai prévenus. Ils sont très ouverts d’esprit mais, lorsqu’ils ne veulent pas, on annule. Je préfère anticiper les ennuis ». 

Le hérisson 

Hugo ne veut pas se limiter à quelques bières et trois canapés autour d’une table. Il voit grand. Couler un sol en béton, transformer un ancien poulailler, ajouter une scène, organiser des concerts… Plus d’un projet se concrétiseront peut-être dans les mois à venir. « Rien n’est achevé. On veut vraiment tout rénover, faire des fresques, créer plusieurs zones. Plus qu’un bar, on aimerait que l’espace devienne une zone réservée à la culture ». Il faudra dans un premier temps régler des détails d’ordre légal. Sans statut juridique particulier, il faut couvrir leurs arrières si le projet prend de l’ampleur. Une ASBL semble le plus adapté, d’autant plus que l’argent ne les motive pas du tout. « On n’a pas vraiment l’intention de s’enrichir, plutôt d’enrichir le bar en lui-même. Tout ce qu’on veut, c’est de ne pas perdre de la thune et pouvoir réinvestir nos petits bénéfices ».

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Inutile de chercher l’abri du hérisson sur internet : le petit animal préfère encore rester discret. Hugo compte sur le bouche-à-oreille. « J’aime bien que la zone soit un peu privilégiée, ouverte à toutes et à tous, mais encore, en quelque sorte, secrète ». N’empêche, le lieu reste ouvert à qui peut le trouver. Ce modeste choupisson deviendra peut-être grand hérisson dans les années à venir.

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