Le plaisir féminin sans tabou


Dans En forme
Sarah Mangeleer

Le plaisir féminin a très longtemps été un sujet tabou, voire interdit. Historique et démystification, du clitoris aux sextoys. 

À l’ère du christianisme, tout ce qui n’avait pas pour but la procréation relevait du péché. Au Moyen-Âge, si les femmes montraient du désir sexuel ou se masturbaient, elles étaient considérées comme des hystériques, souffrant d’une terrible pathologie. Au 19e siècle, selon les normes de l'époque, une femme en « bonne santé » ne ressentait aucun désir ni plaisir. Son activité sexuelle était donc limitée à la procréation, parce qu’elle trouvait son bonheur dans la maternité. Cette vision rétrograde perdure parfois encore aujourd’hui.

Pendant des siècles, on a prétendu que le plaisir de la femme n’existait pas. Aujourd’hui, les mentalités évoluent, lentement. Le plaisir féminin commence à être abordé, notamment grâce aux réseaux sociaux et à certains comptes Instagram décidés à le mettre en lumière (notamment @Orgasme et moi et @Tasjoui). 

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L'importance du clitoris

Vous avez sans doute entendu parler des théories de Sigmund Freud. Ce neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse, considérait qu’il existe deux types de femmes : les clitoridiennes et les vaginales.

Sauf que… Freud s’est lourdement trompé : en réalité, toutes les femmes sont clitoridiennes. Béatrice Cuzin, urologue et sexologue, clarifie : « le clitoris est un organe de 10 cm de long ! Pendant des années, on l’a réduit au gland, mais il se prolonge en interne et sa racine traverse l’urètre jusqu’au vagin. Il peut donc être stimulé de manière interne ou externe ».

Selon un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes de 2017, une jeune fille de quinze ans sur quatre ne serait pas au courant qu’elle a un clitoris. Or, le clitoris a pour job principal de nous procurer du plaisir. Malgré sa formidable utilité, il n’est que très peu mentionné à l’école et dans l’éducation en général.

Il faut attendre 2017 pour qu'un manuel scolaire français représente entièrement le clitoris dans un schéma de l’appareil génital féminin ! Se découvrir soi-même (ainsi que son clitoris), semble pourtant primordial. En apprenant à connaître son corps, on découvre ce qu’on aime ou non, on aboutit à notre propre plaisir. Cette introspection permet aussi de guider nos partenaires pour nous mener au plaisir. Malgré son importance, la masturbation féminine reste un sujet parfois encore tabou aujourd’hui.

Oh My Gode!

S’éloigner de la vision traditionnelle

Pour une grande majorité de personnes hétérosexuelles, l’acte sexuel demeure souvent phallocentré et suit le même schéma : la première étape (celle des préliminaires) a pour but de lubrifier la vulve et de durcir le pénis de votre partenaire. Ensuite vient la pénétration et, enfin, la fin de l’acte, qui est marquée par l’éjaculation masculine.

En parlant de préliminaires, on renforce l’idée que la pénétration constitue le plat de résistance. Alors qu’en soi, ce qui rentre dans la catégorie des préliminaires peut très bien être considéré comme des actes sexuels à part entière (par exemple, la masturbation).

Et si ce schéma phallocentré se révèle très « courant », il devient rapidement contradictoire quand on se penche sur les femmes et sur leurs orgasmes. D'après une étude du compte Instagram @Orgasme et moi :

- 94% des femmes ont besoin d’une stimulation du clitoris externe pour atteindre l’orgasme

6% atteignent l’orgasme par seule pénétration vaginale

- 14% n’ont jamais eu d'orgasme avec leur partenaire.

Voilà pourquoi, il semble capital de remettre en question ce schéma phallocentré. Le plaisir féminin ne commence et ne finit pas nécessairement par la pénétration.

Parlons plaisir !

Le plaisir n’est pas synonyme d’orgasme. Ce dernier ne constitue pas une fin en soi : tout le monde peut prendre du plaisir sexuel sans l'atteindre. Le clitoris incarne le centre névralgique de votre plaisir, mais il existe évidemment d’autres parties du corps qui peuvent également vous en procurer.  

Les femmes ont un nombre incalculable de zones érogènes. Pour vous simplifier la découverte : votre corps entier peut constituer une source de plaisir quand il est entre de bonnes mains, que ce soit les vôtres ou celles de votre partenaire.

Contrairement aux idées reçues, les zones génitales et les seins ne sont pas vos seules sources d’excitation.  Les hanches, l’intérieur des cuisses, le dos, les épaules, le ventre et les poignets : tous ces endroits jalonnent un terrain de jeu à découvrir, en solo ou pas. Et pour l'explorer, vous pouvez bien sûr vous équiper d’outils.

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Les sextoys

Retour en 1870. En pleine période victorienne, les médecins traitaient les femmes qui souffraient d’hystérie féminine en frottant leurs doigts sur le clitoris de la patiente. Très vite, le corps médical s’est plaint d’avoir mal aux poignets à force d’administrer ces traitements. George Taylor est venu à leur secours en inventant le premier vibromasseur, qui fonctionnait... à la vapeur. À partir de là, de nouveaux prototypes sont arrivés, jusqu’à ceux que vous connaissez (peut-être) aujourd’hui.

De nos jours, l’usage des sextoys s’est étendu, voire démocratisé. La preuve : on ne les trouve plus uniquement dans les sexshops mais aussi dans les pharmacies, les centres esthétiques, ou même dans des boutiques de souvenirs. Une étude de l’Université de l’Indiana, réalisée sur un groupe de femmes âgées de 18 à 68 ans, a conclu que 52% d’entre elles utilisaient des vibromasseurs.

En définitive, les sextoys constituent un moyen parmi d’autres pour apprendre à découvrir ce qui vous plaît ou non. Quel que soit le moyen pour lequel vous optez, rappelez-vous de vous faire plaisir !

Réécouter l'émission sur le plaisir féminin :

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