La réouverture des terrasses « discrimine ceux qui n'en ont pas »


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Esther François

Le 23 avril dernier, le comité de concertation rendait sa décision : une réouverture des terrasses, cafés et restaurants sera autorisée  à partir du 8 mai, mais uniquement en extérieur. Pour l’instant, pas question de service à l’intérieur. Dimitri, propriétaire du restaurant La fontaine D’Athena, juge la mesure « discriminatoire pour les établissements sans terrasse ».

Ce samedi plusieurs règles entrent en application : quatre personnes seront autorisées à s’assoir à la même table (sauf pour les foyers de plus de quatre personnes), tandis que les cafés et restaurants pourront ouvrir de 8h à 22h avec un service à table. Pourtant, à seulement un jour de la réouverture, le soulagement semble loin d'être partagé. 

Willy Demeyer se dit au courant des difficultés du secteur, comme il l’a confié au Studiobus : « Oui, les restaurateurs sont inquiets pour la survie de leur commerce et pour leurs employés. Ils risquent leurs habitations, surtout que les loyers sont assez élevés à Liège ».

Dimitri, restaurateur dans la région, fait partie des sinistrés : « Je n’ai pas été soulagé du tout ! Nous sommes huit personnes à travailler à La Fontaine d'Athena (un restaurant grec). En se limitant aux terrasses, en restant tributaire de la météo, nous allons ouvrir un jour sur trois, avec une capacité réduite de moitié ».

Et il n’est pas le seul à s’inquiéter des intempéries. Vincent Bleurheid, patron du 82 Concept Bar, renchérit : « J’espère que l’intérieur sera réouvert bientôt, parce que... on est en Belgique, quoi ! La météo me tracasse. J’ai de la chance de jouir d'une belle terrasse mais, s’il pleut, ça devient compliqué ». Pour le bourgmestre de Liège, il existe des solutions : « Ils vont s’organiser avec des tonnelles et d'autres outils de cet ordre. J’ai des équipes qui tournent au sein des établissements pour les aider. Nous essayons de fournir des extensions de terrasses à 250 d'entre eux »

DSC02387.JPGvf Vincent Bleurheid dans son bar - Photo : Esther François

Pas de demi-mesures

Les mesures gouvernementales renforcent les inquiétudes : « 22h, c’est quand même tôt, ça va être dur de mettre les gens dehors, déplore Vincent Bleurheid. Pour nous, c’est vraiment fatiguant. Je vois bien la scène arriver : vendredi, s’il fait beau à 21h30, on doit arrêter de servir. Ça veut dire qu’il fait encore clair dehors, ta terrasse est remplie, et tu dois dire : Ah non, on ne peut plus prendre de commande ! »  Pour Dimitri, même constat : « C'est trop aléatoire. On va travailler ? Oui ? Non ? Peut-être. Chez moi, les employés vont rester au chômage, je ne vais pas les payer à attendre les clients ». 

Quant à la mesure concernant le son, qui ne doit pas excéder les 80 dB, les restaurateurs et cafetiers la qualifient de ridicule : « Honnêtement, je pense que toute une terrasse qui parle dépasse franchement les 80 dB. J'ai du mal à imaginer un inspecteur venir avec un appareil pour mesurer le son et dire :  “Attention, vous parlez trop fort”. Et pourquoi ? Qu’est-ce que les 80 dB ont à voir avec le virus ? Je ne comprends absolument pas ! », tempête Vincent Bleurheid.

Malgré les réticences, pour le 82 Concept Bar et la Fontaine d’Athena, les clients répondront à l’appel. Ce samedi, toutes les places sont déjà réservées. Première victoire pour l’Horeca.

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