Venlo : Loin de Liège, près des rêves


Dans Culture
Thomas Parent

À 25 ans, François Lovens, A.K.A Venlo, débarque en 2021 avec son dernier projet « N » sorti en février. Cet étudiant en gestion culturelle à l’ULB mène une double vie de front : étudiant universitaire et rappeur. Succès des deux côtés.

IMG 20210505 141520 (2) À gauche, Venlo. À droite, notre journaliste, Thomas Parent

 Les sons de Venlo résonnent désormais dans les kots étudiants et les radios locales. Son heure est arrivée : son nom figure aujourd’hui aux côtés des gros poissons du rap game belge. Son aventure, a priori banale, prend rapidement une trajectoire stratosphérique. « Je rappe et j’écris mes textes depuis que j’ai 17 ans. Ça a toujours été une passion, qui préexistait à la “hype” du rap belge, sans suivre de tendance. Des artistes comme Caballero et Jeanjass nous encouragent et nous “valident” depuis cinq ans. »

Cinq années durant lesquelles tout a changé. Fini de végéter sur Liège, il semble temps de voir plus grand.

« C’est ma ville. J’y puise beaucoup d’inspirations. Ce n’est pas un secret : ma musique est centrée sur ma vie et mes souvenirs. Mais j’ai décidé de partir. J’ai dû monter sur Bruxelles car, à l’époque, c’était la condition si on voulait percer. À part Starflam dans les années nonante, il y a peu d’exemples de rappeurs qui se sont imposés. Le paysage du rap liégeois était un peu vide quand j’ai commencé. La capitale et la tonne d’artistes qui s’y trouvent m’ont permis de créer mon identité artistique, de réellement me développer. »

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D’un côté, une terre d’inspiration. De l’autre, un espace d’opportunité. Ces deux entités se complètent pour permettre à l’humain, tout comme à l’artiste, d’évoluer.

Avec trois projets derrière lui, le jeune Liégeois possède déjà un catalogue éclectique. Il compose avec son producteur fétiche, Dee Eye, une esthétique musicale nuancée : parfois mélancolique, à certains moments assez violente pour retourner une salle complète. « N », cette troisième mixtape, devait permettre au natif de Liège d’atteindre l’échelon supérieur. La crise sanitaire a terni la mélodie. Elle sonne comme un mauvais refrain qui gâche la chanson.

« Je vais être cash : pour un jeune, la situation est pourrie. Pour les artistes, on nage dans la catastrophe. Alors imaginez quand on combine ces deux tranches de la population. Pourtant, ma position n’est pas la pire. Alors, oui, on m’enlève les concerts qui représentent ma source principale de revenus et mon plus gros kiff, mais il faut se serrer les coudes et penser aux autres qui sont en galère. »

Passer de trente prestations à zéro, ça change le quotidien. Certains artistes auraient tout remis en question. Venlo, lui, garde les yeux fixés sur la plan A….et son plan B semble tout aussi solide.

« Le rap, je le fais à fond, lance-t-il convaincu. Mes objectifs initiaux ne changent pas et je reste moi-même. Si le succès arrive, tant mieux. Sinon, je m’en fiche. J’ai commencé à freestyler dans la rue et la célébrité n’a jamais été ma priorité. J’arrive à la fin de mon parcours universitaire donc, peu importe ce que le milieu de la musique me réserve, j’aurai toujours ça comme sécurité. C’était le deal avec mes parents, de toute façon. »

François Lovens reste ce jeune homme qui chasse son rêve de toujours. Après l’avoir touché du bout des doigts, il ne lui reste plus qu’à l’empoigner en espérant ne plus jamais le lâcher.

Découvrez Venlo, son art, ses questionnements et toute son histoire lors de l’émission « L’Apéro » diffusée ce vendredi à 18h sur les réseaux du Studiobus.

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