Réforme du décret Paysage : l'avis des étudiants


Dans Dans l'actu À l'unif On débat
Esther François et Ariane Kandilaptis

Vendredi, le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles a adopté en première lecture le futur de la réforme du décret Paysage. Surprise pour les étudiants de l’enseignement supérieur. Les bouleversements sont en marche : Valérie Glatigny (MR), ministre de l’Enseignement supérieur, en dit plus au Studiobus.

Pour y voir plus clair 

Le décret Paysage est entré en application dès 2014, à la suite d’une proposition portée par Jean Claude Marcourt (PS) dès l'année précédente. Il permettait notamment aux étudiants de passer à l’année supérieure avec 45 crédits, mais aussi de poursuivre leurs études avec des crédits résiduels. La limitation était auparavant de soixante crédits par an, sauf exception en accord avec le jury. En clair, le nouveau système permet notamment de passer en master en ayant encore à sa charge des cours de bachelier. 

Futur proche

Mais, la ministre de l’Enseignement supérieur porte un projet de réforme sur ce décret qui ne plaît pas à tout le monde. Le changement s’opérera surtout au début des études supérieures, lors de la première année. Il pourraît être d’application dès 2021-2022. Les étudiants devront dès lors obligatoirement réussir leurs 60 crédits de première année en deux ans et les 120 premiers en quatre années. L'étudiant.e disposera donc de cinq ans pour finir son bachelier. En master, la même règle sera d’application, mais il y aura des exceptions pour les réorientations. Pour Valérie Glatigny (MR), l’ancien décret est un cadeau empoisonné pour les étudiants : « Donner beaucoup de flexibilité, c’est intéressant. Mais trop de flexibilité peut se retourner contre l’étudiant. L’idée est de revenir à des règles claires. C’est une réforme authentiquement sociale, dans l’intérêt des étudiants ». 

Sans titre Valérie Glatigny (MR), ministre de l'Enseignement supérieur, a répondu aux questions du Studiobus en visioconférence.

Réactions étudiantes

Nous avons recueilli le ressenti de deux étudiantes souhaitant rester anonymes. Une jeune femme de philosophies et lettres insiste sur la variété des profils : « Je pense qu’un étudiant n’est pas un autre. Nous avons tous des rythmes différents, des capacités de mémorisation distinctes et des raisonnements variables. On ne peut donc pas demander à tout le monde de réussir de la même manière un cycle de cinq ans d'une traîte, sans erreur, sans égarement et parfaitement ». L’argument avancé pour la mise en place de cette mesure est d’éviter une prolongement excessif des études. Mais pour certains des concernés, il s'agit pourtant d'un atout : « D’après mes amis, cet alongement n’a jamais été un problème pour eux. Au contraire, cette option les aidait à rester motivés, car ils continuaient malgré tout d'avancer dans leurs études à petits pas », témoigne une étudiante en psychologie. Cette réforme n'a pas fini de faire réagir.

Une étudiante de communication se révolte : « Pondre cette mesure revient à dire que l’enseignement supérieur ne devrait pas être accessible à tous, et devrait être, par conséquent, un privilège de classe. Ce sont des valeurs nauséabondes qui n’ont plus leur place en 2021 ». Pourtant, pour la ministre de l’Enseignement supérieur, le but n’est pas d’exclure des étudiants : « Passer une année, deux années, trois années sans bachelier, c'est un problème car, à un moment, l’étudiant n’est plus finançable. On veut mettre plus de règles au début du parcours et rappeler que, la réussite, c’est 60 crédits sur 60 ».

Mais la ministre devra faire face à des adversaires de taille. Certains étudiants n’entendent pas se laisser faire : « J’espère que Madame la Ministre est consciente que nous nous battrons, pour les étudiants que nous sommes, mais aussi pour ceux qui nous suivront », clame une étudiante restée anonyme.

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