La liberté de la presse se mesure dans le monde entier


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Fanchon Giltay

Ce lundi 3 mai 2021 avait lieu la journée mondiale de la liberté de la presse. Cet événement symbolise une cause importante, pourtant pas célébrée de la même manière dans tous les pays du monde.

Chaque année, l’ONG Reporters sans frontières établit un classement des différents pays du monde en fonction de la liberté dont bénéficie leur presse. Des enquêtes sont réalisées et plusieurs questions sont posées à des spécialistes du sujet. La liste est ensuite établie. Nous avons réalisé une comparaison des pays les mieux et les moins bien placés en 2010 et en 2021 afin d'entrevoir les possibles variations ou similitudes en plus de 10 ans.

En 2010, nous trouvons dans le top du classement la Suède, les Pays-Bas, la Norvège, l’Islande et en première place la Finlande. La Birmanie, l’Iran, le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée sont les 5 derniers pays de la liste. En 2021, le top reste similaire à celui de 2010. La Suède, la Finlande et la Norvège sont les trois premiers pays. Le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée sont de nouveau en fin de classement. Pour information, la Belgique est quant à elle positionnée 11e.

Les pays nordiques, un réel paradis journalistique 

La Norvège, la Suède et la Finlande occupent le top du classement depuis plus de 10 ans. Ces trois pays nordiques incarnent une sorte d’idéal journalistique. Si la Suède est connue pour sa transparence en matière de vie publique, elle s'impose également comme le premier pays du monde à avoir adopté une loi sur la liberté de la presse. La Norvège est certes peu peuplée mais elle possède une culture de l’information extrêmement développée.

Pour se rendre compte de sa spécificité, comparons-la à la France, classée 34e. Seulement un français sur dix déclare payer pour s’informer. En Norvège, ils se chiffrent à trois fois plus ! Notons également que la Norvège atteint un taux de pénétration d’Internet de 99%, soit le plus élevé du monde, contribuant ainsi à un fort développement des médias en ligne en son sein. Les pays nordiques possèdent une charte déontologique solide et méticuleusement respectée par la presse. Les journaux norvégiens ont tendance à moins revendiquer une couleur politique, au contraire de certaines rédactions ailleurs dans le monde. 

Erythrée, dernier du classement depuis 10 ans

Penchons-nous sur la fin du classement. En onze ans l’Erythrée, pays d’Afrique de l’Est, a gardé sa place, la dernière de la liste. Pour mieux comprendre cette position, il faut se rendre compte de ce que représentent la presse et le métier de journaliste dans ce pays. Les journalistes y sont constamment menacés d’arrestation et d’emprisonnement dans le but des les intimider, de les museler. Des disparitions sont fréquemment signalées. En Erythrée, les médias sont détenus et contrôlés par l’Etat. En 2020, le Comité pour la protection des journalistes a estimé que ce pays était le plus censuré au monde et celui comptant le plus de journalistes emprisonnés, soit 90 depuis 1997. Il s’agit d’une réelle dictature ou l’information ne jouit d'aucun droit.

La Corée du Nord, le journalisme au sein d'une dictature 

La Corée du Nord se place avant dernière du classement... Ce qui n'a rien d'étonnant. Depuis l’arrivée de Kim Jong-un en 2011, on constate un durcissement des contrôles tandis que la répression et des mesures d’intimidation ne cesse d’augmenter. Les Nord-Coréens n’ont pas de droit d’accès à internet ni au système de téléphonie international. La liberté d’expression et de la presse sont bafouées. Tous les médias sont détenus et contrôlés par le gouvernement. Les Nord-Coréens comptent pour seule source d'information l’Agence centrale de la presse. Cet organe consacre ses publications à la propagande et au culte de la personnalité de la dynastie « Kim ».  

La France, une mauvaise élève ?

La France, quant à elle, occupe la 34e place. Elle est remontée de dix places en une décennie. Pour la patrie des droits de l'homme, cette position reste décevante. La liberté de la presse en France est fragilisée par plusieurs facteurs. Premièrement, le fait que les médias appartiennent à des groupes qui ont des investissements dans d'autres sphères (numérique, militaire, etc.), ce qui crée évidemment des conflits d’intérêts. Selon Reporters sans frontière, l'Hexagone souffre d'insuffisances en matière de protection des sources mais aussi d’intolérance religieuse. Songeons à l'attentat à Charlie Hebdo, qui a laissé des traces indélébiles, et plus récemment à l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty.

À la lumière du classement de Reporters sans frontières, il semble que la liberté de la presse incarne une notion à la fois objective et malléable. D'une part, elle est régie par des facteurs observables qui connaissent des évolutions au cours du temps. D'autre part, elle reste tributaire de l'interprétation des différents pays, dont certains n'hésitent pas à bafouer la déclaration des droits de l'homme et appliquent les principes de liberté à leur sauce.

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