Sébastien Lallemand, l'art du déguisement


Dans Culture En ville
Esther François

Sébastien Lallemand, directeur artistique du Trocadéro, rapporte sa rencontre avec le monde du spectacle : « J’étais comme un gamin avec des paillettes dans les yeux »

À trois ans, le jeune Sébastien découvre le Trocadéro. Il ne quittera jamais plus le théâtre de son enfance dont il gravira chaque marche. Jusqu'à en devenir le directeur artistique. Il prépare déjà la prochaine revue du 28 novembre 2020, qu’il souhaite très moderne.

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Sébastien Lallemand lors de la représentation Paris Palace le 31 décembre 2019. 

Studiobus : Comment avez-vous découvert le monde du spectacle ?

Sébastien Lallemand : La première fois que je suis allé au théâtre du Trocadéro, j’avais 3 ans. Je suis tombé fou amoureux de l’endroit et du spectacle. Du coup, mes parents m’emmenaient voir les différentes revues. Depuis ce jour, ça a toujours été une passion. Je me suis documenté, j’enregistrais tout ce qui passait à la télévision sur le Lido de Paris, le Moulin Rouge et le Paradis Latin. À 16 ans, je suis allé voir une revue du Lido de Paris. J’ai crû que j’allais faire une crise cardiaque tellement j’ai été pris d’une émotion. Je savais que c’était ma vie.

Avez-vous suivi une formation particulière ?

Oui. Plus jeune, j’ai pris des cours de danse et des cours de couture. Quand j’ai eu fini mes études secondaires, mon père voulait que j’exerce un vrai métier sur le côté. Donc je suis allé à l’école hôtelière, c’était la filière la plus simple pour moi car mes parents sont professeurs en hôtellerie. Mais je continuais mes activités artistiques en parallèle. Mon père était mon titulaire. Quand je revenais de gala, c’était plus facile car il me laissait me reposer. On s’arrangeait toujours bien. Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, je ne sais toujours pas cuire un poulet ni même monter une mayonnaise !

Qu’en est t-il de la danse?

J’avais 6 ans quand j’ai pris des cours. J’ai dansé sur des bateaux de croisière MSC, à Disneyland ou au royal palace de Kirrwiller. Mais, aujourd’hui, je monte beaucoup moins sur scène. Quand je le fais, c’est pour surprendre ou amuser les gens. On peut me retrouver dans le personnage de Lola le travelo, du magicien ou en gâteau.

Aujourd’hui vous êtes le directeur artistique du Trocadéro. Comment en arrive t-on là ? Ça s’est fait naturellement. À 15 ans, j’ai décidé de monter ma propre compagnie. Je me suis perfectionné dans la création de costume et d’armature. Juliette Lemaire, la directrice de l’époque, me demandait parfois de faire un final pour la revue des fêtes. Puis c’est devenu plus récurrent, je suis devenu chef d’atelier. Un jour, le directeur Michel Depas, est venu voir mon travail dans ma compagnie. Il a déclaré : « Le nouveau Trocadéro ce sera ça ! ». Avant, c’était des danseuses du coin. Ce n’était pas professionnel.

Quel est le rôle d’un directeur artistique?

Je suis celui qui imagine le spectacle et l’écrit. J’imagine aussi les costumes que je crée ensuite avec mon équipe. Tous les costumes au Trocadéro sont fabriqués dans notre atelier. C’est moi qui dirige le tout. De la moindre boucle d’oreille au plus grand des costumes, tout passe par moi. C’est un travail au quotidien, de longue haleine, pour faire perdurer la maison.

Un mot sur la prochaine revue ?

Je peux vous dire que ce sera une revue moderne, très écliptique musicalement. Vous trouverez des approches visuelles fortes. Par exemple, une énorme cage va descendre sur scène avec les filles déguisées en chat. Il y aura aussi des touches d’humour, moi je serai déguisé en personnage de medusa ou en fakir. Notre but avec cette revue est de moderniser le théâtre et d’amener un public plus jeune.

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