« Li wallon n’èst nin près’ di moru ! »


Dans Culture
Louis Haniset

Ancien gendarme retraité depuis peu, Dominique Liégeois a toujours été intrigué par la langue wallonne. Réel passionné, il conjugue aujourd’hui théâtre wallon et la fameuse société Royale Moncrabeau avec ses 40 Molons.

Namurois jusqu’au bout de la langue ayant fait carrière à la gendarmerie depuis 1979, le jeune pensionné a toujours eu le wallon dans les veines. Lorsqu’en 2008, on lui propose d’intégrer la Royale Moncrabeau, Dominique, cet arpenteur du vieux Namur, saute sur l’occasion et n’est pas prêt de raccrocher de si tôt.

Photo Dom

Studiobus : Comment est née cette passion pour le wallon ?

Dominique Liégeois : Tout cela vient de mon parrain qui, au début des années septante, faisait du théâtre et était également Molon. Je n’avais qu’une dizaine d’années mais j’étais déjà admiratif de ce qu’il faisait. Ayant toujours été amoureux du wallon et plus particulièrement de celui parlé à Namur, j’ai enfin sauté le pas en 2008 lorsque j’ai vu un article de presse disant qu’on recherchait activement des membres pour les fêtes de Wallonie. Je me suis précipité dans la chaumière et j’ai été accueilli à bras ouverts. Peu après, je me suis également mis au théâtre wallon, dans la même compagnie qu’occupait mon parrain lorsque j’étais enfant.

Comment s’est ensuite passée votre intégration chez les Molons?

Dans un premier temps, j’ai assisté aux réunions se déroulant la semaine et j’ai trouvé cela fantastique; en plus de le parler, on chantait également en wallon. On y pratique un beau wallon avec des personnes qui le parlent couramment. Cela représentait l’apothéose pour moi.

Dites-nous en un peu plus sur cette organisation

C’est bien simple, la Royale Moncrabeau repose sur deux maîtres-mots: « plaisir » et « charité ».Tout au long de l’année, les Molons réunissent de l’argent via différentes manières (collectes, organisation d’événements, sponsors…). L’argent est ensuite redistribué aux nécessiteux de la région sous plusieurs formes. Le principe est de ne jamais donner d’argent en liquide car on ne sait jamais où il va. Cela peut aller d’un plein de mazout à une paire de lunettes, en passant par des soins dentaires. J’ai le souvenir d’une dame atteinte du cancer qui n’osait plus mettre un pied dehors car elle n’avait pas les moyens de s’acheter une perruque. On est donc allé naturellement vers elle pour lui en offrir une. C’est très enrichissant comme expérience.

On dit que c’est la plus ancienne société philantropique de Wallonie, quelles sont ses origines?

Elle a officiellement vu le jour en 1843, sur base d’un cercle littéraire qui agissait déjà au début du 18e siècle. Les notables de l’époque se réunissaient en dehors de la ville fortifiée afin de se raconter l’actualité de l’époque principalement alimentée de commérages, de bouche à oreilles. Mais les gens se sont vite rendu compte que beaucoup travestissaient la vérité dans le but de raconter une « minte » (mensonge) pour faire rire les autres. C’est resté dans les moeurs et devenu un concours annuel à Namur. Afin de devenir Molon, il y a un rituel de passage consistant à s’asseoir sur le siège de la vérité pour raconter une bonne « minte » afin de faire rire l’assemblée. Le siège se trouve au pied de la statue de Nicolas Bosret situé en face du théâtre de Namur (Nicolas Bosret étant le premier directeur musical des Molons, notamment connu pour avoir composé Li Bia Bouquet, l’hymne de la ville).

Devenu roi des Molons; en quoi consiste cette fonction?

Le concours organisé à Namur est uniquement réservé aux civils (aux non-membres de l’association); je ne peux donc pas y participer. Le même concours a lieu chaque année dans la ville de Moncrabeau en France (d’où le nom de notre organisation) au mois d’août et c’est la troisième fois que je le gagne (2010, 2018 et 2019). Je devrai de nouveau me rendre à Moncrabeau cette année pour remettre mon titre en jeu.                              

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir?

Pourquoi pas de garder ma couronne de roi pour la troisième année consécutive; ce qui serait une première dans l’histoire du concours. Et comme j’aime le répéter: Li walon n’èst nin près’ di moru !

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