NLK, rappeur « Outre-Manche » et pieds sur terre


Dans Culture
Roxane Téjérina

On aurait pu titrer cet article "une tête bien faite". Tombé dans le rap très jeune, NLK incarne aussi un futur ingénieur. Conscient du caractère éphémère de l'industrie musicale, le Havrais a choisi de donner la priorité à ses études. En décembre 2019, il a pourtant sorti son premier EP, "Outre-manche". Rencontre.

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Lorsque nous réalisons cet entretien, Killian Durand, dit NLK, rentre du travail. Le Normand, qui a sorti son deuxième EP « Outre-Manche » au mois de décembre, a débuté le jour même son stage de fin d'études. D'ici six mois, le rappeur sera ingénieur. On tient là, l'essence même de NLK. Le Havrais, qui tient son nom de scène de son prénom (affranchi de ses voyelles puis inversé), prévient dès le début de l'interview : « Mon parcours se distingue en deux parties, le côté musique, et le côté études ».

« Certains faisaient du dessin, moi j'écrivais. Les rimes me plaisaient. »

Au départ du projet NLK, on trouve un garçon du Havre qui a grandi dans la musique. Entouré d'un père guitariste et de trois sœurs musiciennes, toutes pianistes, Killian Durand aurait difficilement pu passer à-côté de cette sphère artistique. Saoulé par le côté rhétorique du solfège et plus attiré par le rythme que la mélodie, il choisit un instrument intuitif. « Je fais de la musique depuis tout petit, j'ai commencé en primaire. Par flemme du solfège, j'ai choisi la batterie. Puis, j'ai commencé le rap petit à petit. Au début, j'écrivais juste. J'avais toujours un peu écrit, certains faisaient du dessin, moi j'écrivais. Les rimes me plaisaient » .Doué à l'école, il choisit les sciences, alors qu'il est littéraire. « Par facilité et par pessimisme, sûrement. Le journalisme m'attirait mais au lycée je me suis rendu compte que ce serait compliqué de percer, donc j'ai choisi la filière scientifique pour ensuite faire une prépa ».

Son aventure musicale débute réellement une soirée de Seconde, où il enregistre son premier freestyle. Grâce à un contact rencontré au bon moment, Killian Durand s'engage ensuite avec un tout jeune label indépendant, Bien Tombé Records, et devient NLK. « Ça fait six ans que je suis là-bas. Le leitmotiv de Bien Tombé Records, c'est le plaisir avant tout. J'ai beaucoup bossé les trois premières années, on a fait une bonne dizaine de concerts, j'ai fait la première partie de Guizmo, donc au niveau régional c'était top ». Parti à Nancy pour suivre ses études d'ingénieur, NLK met la musique entre parenthèses.

« On s'est fixé le défi de faire l'EP en un mois, on devait faire six instrus, six textes et six clips. En un mois, ça représente un travail monstrueux. » 

Passé par Luleå, Barcelone ou Manchester, le Havrais finit toujours par rentrer au bercail, et compte bien poser ses valises en Normandie. Manchester, c'est d'ailleurs là que le rappeur a enregistré son deuxième EP « Outre-Manche ». « À ce moment là, mon DJ, Doe venait de déménager à Manchester, donc j'ai vu ça comme une occasion. Je suis parti un mois là bas, je faisais serveur le jour et la nuit j'allais en studio avec mon pote. On s'est fixé le défi de faire l'EP en un mois, on devait faire six instrus, six textes et six clips. En un mois, ça représente un travail monstrueux ». Un EP qui aura mis plus de deux ans a être mixé, là encore pour laisse la priorité au plaisir, comme voulu par le label, et par et manque de temps, à cause des études. Enregistré à l'été 2017, « Outre-Manche » est finalement sorti en décembre 2019.

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La musique pourrait-elle devenir un jour son métier ? NLK répond avec pragmatisme. « Si l'occasion se présentait, j'y réfléchirais car, forcément, c'est un peu un rêve, ce serait comme vivre de ta vraie passion. J'y réfléchirais à deux fois pour le coup mais le truc c'est que, si je vis de la musique, je ne sais pas combien de temps ça peut durer... Un an, six mois ? Ça peut durer trois mois et se casser la gueule, je voulais avoir un parachute de secours, d'où mon choix d'études pour avoir un emploi stable .» Sa principale retenue réside dans la peur de ne rester qu'un phénomène passager. « Je pense à l’inondation de l'industrie musicale. Quand j'ai commencé à être connu à l'échelle régionale, c'était pas une époque où on signait tout le monde. Depuis un an et demi, les maisons de disque approchent et ne signent plus. Si j'avais été plus dans la vague actuelle, j'aurais pu avoir ma chance. Je pense que c'est un phénomène de société ».

 

"Outre-Manche" est disponible sur toutes les plateformes de musique depuis le 19 décembre 2019.

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