Photos : Jeanne Remy
Depuis deux ans, le passage de la Bourse abrite un café-librairie bien connu des passants à Charleroi. À « Livre ou Verre », le client est roi et peut se plonger dans les pages d’un livre tout en dégustant quelques gourmandises. « Livre ou verre » incarne également un lieu de rencontres en tous genres… Aux commandes de ce concept, Blandine Grandchamps, une jeune femme pleine d’ambitions.
Blandine Grandchamps, 27 ans, a étudié la socio-anthropologie et a enchaîné avec un master en communication à Louvain-La-Neuve. Ses stages, notamment pour le Rockerill et le festival d’humour « Rires sur la ville », l’ont confortée dans l’idée de travailler dans le domaine culturel. En 2017, c’est chose faite, Blandine donne naissance à son « café-librairie » à Charleroi.
Studiobus : Le « café-librairie » est un concept en voie de développement. Où avez-vous déniché cette inspiration ?
Blandine Grandchamps : C’est lors de mon erasmus à Rome que j’ai découvert ce principe de café-bouquinerie. Lors d’une année de bénévolat en Argentine, j’y ai à nouveau rencontré ce type de lieux et cela est resté dans un coin de ma tête. A mon retour, mes parents m’ont proposé d’occuper ce bâtiment vide car ils n’arrivaient pas à le louer et ça a été le déclic ! De plus, mes parents sont bouquinistes depuis plus de 30 ans et détiennent la librairie Fafouille, ici juste à côté, ça tombait donc sous le sens.
Votre café-librairie sert également d’endroit de rendez-vous culturels…. Comment choisissez-vous les évènements que vous organisez dans votre commerce ?
Au début du projet, je me mettais la pression pour trouver des ressources, des experts, des acteurs culturels, des artistes… Mais, au final, le bouche à oreille a fait son job ! Concernant la sélection, je prenais ce que l’on me proposait car je voulais faire connaître le lieu. Finalement, c’était du « win-win » pour les artistes/conférenciers comme pour moi… Après deux ans d’expérience, j’ai mes propres goûts mais il faut penser également à son public et rester attentif aux retours et aux demandes.
Est-ce que ces évènements sont fréquentés par vos clients habituels ou par une autre catégorie de personnes ?
En fait, les deux se nourrissent. Certains viennent pour le café-librairie, d’autres pour les conférences et, de fil en aiguille, des échanges se font. Chaque évènement apporte son propre public.
Quel est le but de ces conférences/expos/concerts, outre le fait de divertir ?
Beaucoup de conférences sont axées sur le bien-être pour le moment. J’essaie de plus en plus de développer un pôle « sensibilisation » à l’environnement, au féminisme, et à diverses autres thématiques. Mon but est de m’aider de ce lieu pour faire de l’éducation permanente.
Vivons-nous dans un monde plutôt ouvert ou fermé, selon vous ?
Je pense que le monde du culturel fait peur aux gens. Beaucoup pensent qu’il faut avoir un certain bagage intellectuel pour s’ancrer dans ce milieu… Alors que chacun interprète l’art comme il en a envie ! Je ne pense pas que la culture puisse disparaître ou désintéresser complètement la population. Il faut juste trouver des moyens de la diffuser et s’adapter à ce qui existe, comme les réseaux sociaux.
Statistiquement, de moins en moins de jeunes s’intéressent à la culture, que ce soit par manque d’intérêt, de temps ou d’argent. Quelles seraient les solutions pour encourager les jeunes à s’intéresser à la culture ?
Question difficile ! En ouvrant ce café-librairie mon but était de faire en sorte que les gens se réintéressent à la littérature en leur proposant de pouvoir commencer un livre sans forcément l’acheter. J’ai introduit ici le concept de « livres surprises » pour le côté aventure car, pour moi, on n’achète pas seulement un bouquin mais aussi l’expérience que ce dernier va nous faire vivre. Pour tout ce qui est événements culturels, comme le théâtre, je trouve que les écoles devraient faire plus de sorties culturelles, amener l’art dans les classes ou bien organiser des visites dans les coulisses des métiers plus techniques/sociaux/culturels.
Pourquoi la culture est-elle importante au développement de tout un chacun ?
Pour l’ouverture au monde, pour comprendre l’autre, pour saisir que chacun peut avoir une interprétation différente d’une chose…. D’ailleurs il y a une phrase en anglais, un peu bateau mais que je trouve très belle, qui dit : « The EARTH without ART is just EH » ! Au final, sans l’art, qui est partout, on vivrait tous dans des petites huttes et on ne serait pas curieux, ouverts, heureux !
Un conseil lecture pour terminer ?
« Les Royaumes du Nord » de Philip Pullman. Je ne peux que conseiller ces livres car ils sont empreints de réflexions et de philosophie, choses dont le monde a besoin aujourd’hui !
