Thierry Luthers : l’hommage d’un fan à son idole


Dans Culture En forme
Thomas Parent

À 61 ans, Thierry Luthers est un visage bien connu du monde des médias en Belgique. Cet homme aux multiples facettes combine son activité de journaliste sportif et de chroniqueur avec l’art de la scène. La journée, il est Thierry. Le soir, Johnny revit un peu grâce à lui.

Figure omniprésente du paysage audiovisuel et sportif belge, Thierry Luthers officie à la RTBF depuis 1980 en tant qu’animateur. En 2004, ce Liégeois d’origine devient la voix officielle de notre football national sur Vivacité. En 2015, sa notoriété augmente significativement grâce à l’émission « Le Grand Cactus » dans laquelle il présente une chronique. Pourtant, derrière le journaliste et l’animateur radio se cache un féru de rock qui foule les planches depuis plus 20 ans.

Thierry Luthers 

Comment est née cette passion pour Johnny et cette envie de monter sur scène?

J’ai eu un coup de foudre artistique en le voyant au Country Hall de Liège le 9 décembre 1976. À cet instant, je suis devenu un fan absolu. J’ai dû le voir plus de 35 fois et je possède tous ses albums sans exception. J’ai donc commencé à chantonner pour faire plaisir aux copains. Ensuite, un peu par hasard, on a décidé de monter un groupe avec des artistes namurois. Ce n’est qu’au début des années 2000 que cette activité s’est professionnalisée. J’ai monté une boite de management et je me suis attaché les services de musiciens liégeois pro. J’ai arrêté de fumer, j’ai pris des cours de chant et, naturellement, les demandes ont commencé à augmenter.

Comment se présente votre spectacle?

Il y a deux formules : « Thierry chante Johnny » et « Thierry chante et raconte Johnny ». La première consiste en un spectacle classique de « tribute » avec 7 instruments qui m’accompagnent. Je tente surtout de développer la deuxième formule, assez unique en son genre. Il s’agit d’un concept plus intimiste avec seulement 2 musiciens. Je raconte la vie de Johnny avec des extraits de chansons.

En quoi le décès de Johnny a-t-il influencé votre activité?

Elle a connu une accélération fulgurante. J’ai réalisé plus de 50 concerts en 2018. J’ai toujours fait ça pour la communion avec le public et non pour l’argent. Je dois avouer que l’atmosphère a changé depuis son décès. Moi-même, j’affronte plus d’émotions quand j’interprète certains titres tels que « Les portes du pénitencier ». J’ai joué un spectacle à Charleroi quelques jours après ce tragique évènement et j’ai dû m’arrêter sur scène, étreint par la tristesse.

Votre métier apporte-il quelque chose à votre spectacle et vice-versa?  

Mon métier m’aide car je fais beaucoup de conférences et je raconte les matchs de foot à la radio. Je suis en quelque sorte un conteur d’histoire. J’ai donc certaines facilités lorsqu’il s’agit de mettre en scène la vie de Johnny. Pour ce qui est du trac, je ne le perçois pas de la même manière dans les deux cas. Après 40 ans à la RTBF, je n’en ressens plus du tout. Par contre, au moment de monter sur scène, ce léger stress me semble salvateur parce qu’il me motive. J’avais toujours deux peurs. D’un côté, vais-je faire face à un trou de mémoire? Il faut savoir que je n’ai pas de prompteur contrairement à Johnny. De l’autre, est-ce que ma voix va tenir?

Heureusement, au fil des années, j’ai réussi à parfaire mes techniques de chant pour ne plus être totalement cassé le lendemain d’un concert. Aujourd’hui, j’arrive à enchaîner quatre performances par week-end.

Lorsque vous montez sur scène, vous préférez que le public voit Thierry ou Johnny?

Je dis toujours que c’est l’hommage d’un fan à son idole. Je n’essaye pas de l’imiter. De temps en temps, il y a bien un petit clin d’oeil. Je l’ai vu tellement de fois sur scène que je connais sa gestuelle et ses intonations sur le bout des doigts. Il y a donc immanquablement des références conscientes ou inconscientes. D’ailleurs, les cinq dernières fois que je l’ai vu, je ne le regardais plus à travers l’oeil du fan mais bien celui de l’artiste.

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