Une pause dans la vie effrénée de chef cuisinier


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Romy Lemmens

À 29 ans, Igor Snyders est chef de trois entreprises, un restaurant gastronomique et deux sociétés de traiteurs. Il dirige également les cuisines de l’Opéra, du Forum et du Théâtre de Liège. Le confinement a marqué une pause dans sa vie épuisante.

Entre la gestion des horaires de ses employés, la réception des marchandises, la préparation des commandes, la mise en place et la cuisine, le chef a habituellement très peu de temps pour lui : « En temps normal, j’ai une vie de fou. Je ne m’arrête jamais. Je me lève à 7h et je vais me coucher vers 3h du matin ».  Pour le chef cuisinier, une journée moyenne compte 17 heures de travail, mais il lui est déjà arrivé de s'affairer 32 heures d’affilée sans dormir pour mener à bien les tâches qui s'accumulent. 

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Du sel au poivre

Le coronavirus et son acolyte, le confinement, ont inévitablement amené des changements de rythme dans la vie de chacun, auxquels il a fallu s’adapter. Pour le chef, il ne s’agit pas d’un simple bouleversement, mais d’un revirement complet ! « Je me suis confiné chez moi, avec mes proches. On se lève vers midi. Je fais à manger pour tout le monde. On profite du beau temps à l’extérieur. On s’entraine et, le soir, on prend l’apéro ».

Si le chef semble aujourd’hui mettre à profit son confinement pour se reposer de sa vie trépidante de cuistot/businessman, l’adaptation lui a semblé compliquée au départ: « Je suis passé du noir au blanc ! La première semaine, ça a été très difficile. Je ne savais pas quoi faire de tout ce temps; alors j’ai commencé les gros travaux : nettoyage du bar, de la cave, de la façade et même du toit ! Après, je me suis calmé et j’ai décidé de prendre du temps pour moi. Je vois ce confinement comme un moment hors du temps qui me permet de recharger les batteries et de ne plus être stressé en permanence. Pour moi, c’est très positif ».

Un arrêt total

Au fil des semaines, beaucoup de restaurants ont rouvert leur service traiteur, et même parfois de livraison. Le chef n’a pas fait ce choix. « Pour moi, la santé prime sur mon métier. Je trouve ça trop dangereux de travailler dans de telles conditions, donc j’ai fait le choix d’arrêter totalement mes activités ». Si Igor Snyders a pu se permettre de prendre une décision aussi radicale concernant son travail, c’est parce qu’il ne connaît pas la crise. « En tant qu’indépendant, il faut anticiper les problèmes et gérer ses coûts. C’est ce que j’ai fait, confie-t-il. Maintenant, c’est évident que si cette épidémie était arrivée au début de ma carrière, les choses auraient été beaucoup plus compliquées pour moi. D’ailleurs c’est inévitable : vu les charges dans l’Horeca, cette crise va avoir un impact très lourd sur le secteur ».

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La passion continue

Le chef n’a pas confiné sa cuisine pour autant ! « Comme j’ai du temps, j’étudie tous les jours la discipline : je lis des livres de chefs étoilés, je regarde des tutoriels sur YouTube et je teste des nouvelles recettes ». Le restaurateur en profite pour prendre de l’avance sur ses menus, car il lui incombe de créer 50 nouveaux plats par mois en temps normal. 

Même si Igor Snyders a trouvé le moyen de rendre son confinement le plus agréable possible, il se réjouit de retourner derrière ses fourneaux et retrouver une vie plus stable. Sa seule crainte ? « J’espère qu’on ne devra pas mettre des plexiglass dans les restaurants, sinon ça risque d’être un tue-l’amour ! ».

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