Vivre cloîtré, une vraie vie de pacha


Dans Culture En forme
Adrien Chauveheid

La vitesse, véritable moteur de notre quotidien, est devenue un but en soi, elle nous fait perdre le sens de ce que nous faisons. Pour citer l’écrivain belge Johann Dizant : « à vivre à deux cents à l’heure, le monde devient flou ». Cette obligation de rester chez soi semble constituer le moment idéal pour faire une pause et prendre du recul par rapport à ce rythme de vie effréné.

Il m’arrive souvent de jalouser le mode de vie de mes colocataires félins, dépourvus de toute contrainte, de stress et d’obligations. Du coup, à l’annonce des mesures de confinement, j’ai compris que mon quotidien allait très vite ressembler à celui de mes compagnons à quatre pattes. Seuls quelques jours furent nécessaires pour que ma façon de vivre s’apparente étrangement à la leur. Les réveils matinaux en sursaut causés par l’alarme assourdissante du radio-réveil laissèrent place aux grasses matinées. Les coups de barres de 14 heures furent congédiés au profit de siestes récurrentes, pas toujours méritées. Les rapides douches furent remplacées par de longs et relaxants bains moussants. Idem pour les repas, souvent pris sur le pouce, troqués pour un régime sans restriction composé de copieuses assiettes et de grignotages récurrents.

Comme nous désormais, les chats sont souvent confinés dans des espaces restreints, sans possibilité de s’aventurer à l’extérieur. Mais ils connaissent des vies tout aussi épanouies et heureuses, à condition que des mesures soient prises pour rendre leur environnement de vie confortable et stimulant. En plus, le chat incarne, par définition, un être d’habitudes, il prend le temps de vivre. Indépendant de la cadence de la société humaine, son quotidien se compose toujours des mêmes activités, pour lesquelles il ne semble jamais éprouver une quelconque lassitude. Sa philosophie semble simple : dormir, jouer, manger. Il est connu pour demeurer serein en toutes circonstances. À l’inverse, nous sommes souvent anxieux, à fleur de peau. Nos tracas et soucis finissent par dominer nos pensées et nous empêchent de lâcher prise.

Avant moi, nombreux sont ceux qui se sont intéressés aux comportements des chats pour appliquer leurs qualités au monde humain. De Guy de Maupassant à Sigmund Freud, en passant par Boris Vian ou Chateaubriand, mais aussi Mark Twain, qui déclare : « Si l’on pouvait croiser l’homme avec le chat, ça améliorerait l’homme, mais ça dégraderait le chat ». Parmi eux, Stéphane Garnier, auteur et essayiste français, a entrepris l’analyse minutieuse du quotidien vécu par ce félin. Son objectif était de retrouver et cultiver son bien-être en copiant le chat : « Il y a dans leurs forces, leurs attitudes, leurs qualités, leurs habitudes, leurs petites manies, une sorte de magie dans leur capacité à vivre sereinement et à être heureux », écrit-il. À travers son livre, voici ce qu’il nous conseille : « Que ce soit physiquement ou psychologiquement, avant toute chose, prenez soin de vous. Bâtissez votre territoire, votre zone de confort, vos conditions de bien-être et vos possibilités d’épanouissement personnel. Vous saurez d’autant mieux donner et partager que vous serez heureux et épanoui dans votre vie ».

Il semble ainsi avéré que nos compagnons à quatre pattes mènent une vie plus adaptée que nous à ce confinement. Dès lors, pour une existence plus simple et plus épanouissante, observons-les et imitons-les pour vivre, le temps d’un instant, une véritable vie de pacha. 

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