Opinion : Le confinement, cette merveille


Dans Studiobus On débat
Antoine Thirion

Confinement

Dans un premier temps pris sur le ton de l'humour, le confinement commence à peser de plus en plus sur toute la population belge. Toute? Non! Une petite troupe d'individus résiste encore et toujours à l'ennui de l'isolement. 

17 novembre 2019, Wuhan. Après plusieurs jours de rumeurs, les premiers cas d'infection au Covid-19 sont observés dans la province du Hubei dans le centre de la Chine. Mais le reste du monde ne s'en occupe pas : après tout, il ne s'agit que d'une maladie locale, pourquoi s'en inquiéter? 4 février 2020, Bruxelles. Le virus est officiellement présent en Belgique. Mais, tranquilles, nos dirigeants nous l'assurent : « il n'y a aucun risque ». Pourtant, la Première ministre du gouvernement d'urgence Sophie Wilmès annonce le 17 mars le confinement de la population belge, dès le lendemain midi. Le pays doit apprendre à vivre une situation inédite : la vie confinée.


Depuis son domicile, la population s'en amuse. Les détournements, montages vidéo et challenges fleurissent sur les réseaux sociaux. Mais, dans la rue, c'est la panique : les magasins sont vidés, la faute à une peur irrationnelle de pénuries alimentaires. Puis, l'emballement retombe. Le télétravail devient la nouvelle routine, le sport, un échappatoire, l'ennui, un référent. Après avoir tourné en dérision ce blocage forcé à la maison, la population belge montre des signes de fatigue, de ras-le-bol. La classe politique, portée aux nues à l'aube du confinement, est maintenant rejetée : ses décisions ne coïncident plus avec la volonté populaire, qui écoute son envie de sortir plus que les expertises médicales. Certains ont même confectionné un calendrier où ils cochent les jours, comme les prisonniers qui décomptent la durée de leur peine. Et, au milieu de tout cela, il y a moi. Moi, je l'aime bien, ce confinement.


Jour 44 du confinement. Pour beaucoup, il s'agit d'un clou supplémentaire ajouté au cercueil de leur enthousiasme, 24 heures de plus dans le couloir mortifère de l'ennui. Pour moi, je vis une journée de plus de ma presque vie d'avant. Casanier, j'aime mon logis et n'en bouge que rarement. Loisirs, soirées et amitiés c'est oui, mais pas quand je suis chez moi. Rester à la maison pour travailler et ne sortir que pour faire du sport, voilà à quoi ressemblaient tous mes dimanches. Ce confinement n'incarne en réalité rien d'autre qu'un gigantesque week-end. Alors pourquoi s'en plaindre? Je ne perds plus de temps dans les trajets obligatoires d'avant. Je le récupère pour lire, travailler, regarder un film, écouter de la musique... Tout bénéf', comme on dit. Allez, je l'accorde, aller boire un verre en terrasse, ça me manque de temps en temps. Mais un appel vidéo, une boisson fraîche, une chaise dans le jardin et hop, c'est tout comme. Non vraiment, qu'est-ce qu'il me plaît, ce confinement !

Pour ceux qui n'en peuvent plus, rassurez-vous : c'est bientôt terminé. Les mesures de déconfinement partiel arrivent à grands pas, vous serez bientôt libérés. Soyez contents : vous ressortirez de cette pause forcée plus sportifs que vous ne l'étiez, plus responsables dans ce que vous mangez, plus critiques à propos de ce que vous achetiez. Et, quand votre prison s'effondrera, ma petite bulle d'air éclatera. Chacun reprendra sa vie d'avant, comme si rien ne s'était passé. Parce que c'est toujours comme cela que ça fonctionne.

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