À l'aide, je ne parviens plus à travailler


Dans En forme À l'unif
Sirine El Ansari

Depuis le début de la quarantaine, être productif est devenu la priorité absolue du côté des étudiants. Alors qu’il semble facile de remettre le travail à plus tard au profit de notre série préférée, tomber dans une spirale de procrastination l’est encore plus. À la veille des remise de travaux, on se retrouve avec une dizaine de mails non-lus et une bonne dose d’anxiété pour accompagner le tout. Mais rassurez vous, vous n’êtes pas seul.

À l’annonce du confinement, j’étais vraiment perplexe : comment continuer mon année scolaire en Belgique, en étant confinée chez moi, en France? Dans ma chambre d’adolescente, que je ne connaissais plus vraiment, j’avais perdu mes repères. À vrai dire, ma mère a profité de mon départ vers Liège pour vivre sa petite vie de grand-mère épanouie : le bureau sur lequel je travaillais a laissé place au lit de mon neveu de deux ans, et mes livres à des jouets pour enfants plus encombrants les uns que les autres. Désormais, ma chambre ressemble plus à celle d’un enfant en maternelle qu’à celle d’une étudiante en supérieur. Ce changement d’atmosphère n'a rien d'anodin. Retourner vivre chez ses parents quand on a 23 ans paraît toujours un peu compliqué. Même si on a vécu chez eux quasiment toute notre vie, le retour au cocon familial après avoir connu l’indépendance de son appartement d'étudiant fait le même effet qu’un emménagement dans une nouvelle coloc’. Sauf que la colocataire, c’est votre mère, et qu’elle a su se réapproprier toutes les étagères de la salle de bain en votre absence. 

studying

1 mail, 2 mails, 13 mails...

Avant l’annonce de la fermeture de l’Université, j’étais persuadée que tout ça n’était que temporaire : dans mon esprit, tout allait rentrer en ordre dès avril. D’ici là, ma motivation serait revenue de vacances. Mais, quelques mails plus tard, me voilà déjà submergée par la quantité de travail que j’ai à rattraper.
Le plus dur selon moi, c’est de ne plus avoir de rythme. La routine “maison-unif-boulot” n’est pas celle qui m’enchantait le plus mais, avec elle, j’arrivais à garder la tête hors de l’eau. Depuis le confinement… je suis devenue championne d’apnée. Et, pour me montrer tout à fait honnête, vivre à plus de 800 km de l’université n’aide pas. Parce que, à Liège, j’étais plongée dans le bain estudiantin. Le matin, pour aller en cours, je m’habillais, je traversais la passerelle Saucy et je savais pourquoi je m’étais levée : mon environnement me rappelait que j’étais venue ici pour étudier et réussir mon Master. Mais, depuis le fond de mon lit, d’où je vous écris, cet objectif paraît bien moins évident. Alors, il faut faire face à l'anxiété qui accompagne la lecture de chaque mail et de chaque consigne que l’on reçoit. On culpabilise de ne pas être assez productive, quand la moitié de nos amis sur Instagram se sont trouvés un talent de boulanger ou de jardinier. Et avouons-le, difficile de rester concentré sur ses lectures obligatoires en plein milieu d’une crise sanitaire mondiale.

Tout n'est pas perdu

Évidemment, nous avons tous l’espoir que, parmi nos souvenirs de 2020, vienne se graver celui d’une année scolaire réussie. Et même si tout ce que nous vivons semble irréel, nos travaux à rendre, eux, le sont bien. Alors, accrochons-nous.
J’écris simplement ces lignes pour rappeler que notre productivité ne revêt pas plus d'importance que notre santé mentale. Parler de nos angoisses à des personnes de confiance peut aider : des amis, des camarades de classe ou bien des professeurs qui, j’en suis sûre, ressentent également beaucoup d’inquiétude. Après y avoir longuement pensé, se fixer des objectifs réalistes et à court-terme semble être la meilleure des solutions : commencer par réguler son sommeil en se levant plus tôt, par exemple, fonctionne bien pour moi. Travailler une heure par jour, à l’aide d’un ami, peut aussi permettre de calmer l’anxiété liée au manque de productivité car, quoi qu’on en dise, tout le monde a du labeur à accomplir. Et, tout comme j’essaie de me le rappeler quotidiennement, n’oubliez-pas que vous avez le droit de vous reposer de temps à autre. Soyons bienveillants avec nous-même !

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