Rencontre : la Covid Task Force


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David Manfredini

Face à l’épidémie du Covid-19, la recherche à l’université de Liège se mobilise. Une "Covid Task Force" a été mise en place par le GIGA, un centre de recherche situé dans l’hôpital universitaire qui regroupe plus de 600 scientifiques actifs dans différents domaines : des médecins, des pharmaciens, des vétérinaires ... Alice et Géraldine travaillent toutes les deux en tant que bénévoles dans cette Task Force. Elles offrent un aperçu de la vie de chercheuse en confinement.

 

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Géraldine Luis a 28 ans, elle est doctorante depuis 4 ans en cancérologie et travaille au GIGA-cancer dans le laboratoire de biologie des tumeurs et du développement. Alice Collignon a quant à elle 27 ans et a débuté son doctorat en octobre 2019.

Studiobus : Comment le confinement a-t-il impacté votre travail ? 

Géraldine : Je suis en fin de thèse. Je n’avais plus beaucoup d’expérimentations en cours, mais j’ai rapidement dû stopper tout ce qui était possible de suspendre. Durant ce confinement j’ai pu finaliser la rédaction de ma thèse. En tant qu’assistante, j’ai dû revoir les modalités des travaux pratiques. J’ai donc dû préparer des exercices et des séances interactives pour les étudiants. Nous avons appris à utiliser des outils informatiques différents et à sortir de la routine pédagogique.

Alice : Petit à petit, nous avons pris des mesures sur notre lieu de travail. J'ai dû arrêter toutes mes expériences au début du confinement. Depuis, je fais du télétravail.

Comment vivez-vous ce confinement ?

Géraldine : Les deux premières semaines n’ont pas été faciles, j’étais en colère, je n’avais pas envie de ce confinement. Je suis habituellement très active. Entourée de mes amis, de mes collègues et de ma famille, il était difficile de me retrouver presque seule. J’ai ensuite trouvé mon rythme. Je décale mes journées pour profiter du soleil et, finalement, je suis autant en contact avec mes amis et ma famille qu’avant le confinement... Vivent les réseaux sociaux et le téléphone !

Alice : C’est assez difficile. Certains jours j'arrive à être productive, mais d'autres sont plus moroses. Je me rends compte que j'ai besoin d'être dans une ambiance de travail avec des collègues pour être efficace. Je trouve que c'est un climat très anxiogène, je culpabilise de ne pas être à mon bureau ni de continuer mes expériences.

En quoi consiste l’équipe de recherche Covid-19 du GIGA ?

Géraldine : Il y a plusieurs équipes de recherche. Certaines travaillent sur le virus, une équipe qui met en place une biobanque de sang de patients positifs ou encore des équipes de dépistages, comme celle qui a mis en place le test sérologique. Dans notre équipe, nous testons les écouvillons afin de vérifier la contamination des patients au Covid-19.

Pourquoi avez-vous décidé de participer à cette recherche en tant que bénévole ?

Géraldine : Comme tout le monde, je suis inquietée par la situation. Entendre qu’il n’y avait pas assez de matériel pour tester tout le monde était révoltant. Les médecins ont très vite été réquisitionnés dans les unités Covid-19 des hôpitaux et nous nous avons largement les compétences nécessaires pour aider dans d’autres domaines. Une fois que l’université a mis en place son propre système de dépistage, faire partie de l’aventure était une évidence.

Alice : Cela me permettait de sortir de chez moi, de retrouver une ambiance de travail et de revoir de bons collègues.

Pouvez-vous expliquer ce que vous faites en tant que bénévole dans l’équipe Covid-19 ? 

Géraldine : J’inactive le virus potentiellement présent dans les prélèvements nasaux (écouvillons). Je travaille en laboratoire de biosécurité niveau BSL2, habillée comme une cosmonaute ! Ensuite les solutions partent dans un autre département pour vérifier la présence du virus inactivé. Pour l’instant nous testons entre 1000 et 1600 personnes par jour et nous espérons rapidement passer à 3000 prélèvements. L’objectif est de pouvoir dépister un maximum de personnes afin de les isoler rapidement.

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Alice : L'équipe de volontaires dont je fais partie a pour mission de récolter des échantillons positifs de patients hospitalisés au CHU et au Mont Légia afin de les anonymiser et d'établir une biobanque. Cette biobanque sera très utile pour les recherches ultérieures sur le virus au sein du GIGA. Nous travaillons dans un laboratoire de niveau BSL3 (le plus haut niveau de biosécurité en Belgique). J'ai eu une formation appropriée et nous restons 5 à 6 heures dans le BSL3 avec une combinaison et un casque muni d'une batterie contenant un filtre HEPA qui "stérilise" l'air que nous respirons. Nous faisons très attention à la manipulation du sang et du sérum qui contiennent des particules virales.

Comment se passe cette expérience jusqu’à présent ?

Alice : C’est assez routinier, nous recevons des échantillons de patients durant la journée. Nous devrions en avoir de plus en plus dans les semaines à venir, car les patients positifs sont prélevés plusieurs fois et nous allons recevoir les échantillons du Mont Légia bientôt.

Géraldine : La manière de travailler est très différente de ce que nous faisons habituellement, et s'opère dans une ambiance particulière, mais c’est très enrichissant. De plus, on rencontre des chercheurs d’autres laboratoires, ce qui est très sympa !

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