Retour sur le Coronavirus de 2002


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Anthony Roberfroid

En novembre 2002, une étrange maladie touche la Chine avant de se propager dans une vingtaine de pays. Provoqué par un coronavirus, le SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) deviendra la première épidémie du 21ème siècle. Le virus contaminera plus de 8000 personnes et en tuera 774 d’entre-elles. Le SARS-CoV sera pourtant contenu et vaincu en sept mois. Un dénouement dont s’était félicité l’OMS, qui rappelait l’importance de se tenir prêt face à de futures épidémies. Pourtant, un nouveau coronavirus a fait son apparition en décembre 2019 et a aujourd’hui infecté plus d’un million de personnes aux quatre coins du globe. Pourquoi n’a-t-on pas réussi à contenir ce virus ?

"On parle ici d’une nouvelle, mais légère grippe qui va continuer à voyager autour du globe et ensuite deviendra une grippe saisonnière comme on vient d’en avoir une", affirmait Maggie De Block le 5 mars dernier à la Chambre. Autant dire que la ministre de la santé et le reste du monde se sont mis le doigt dans l'œil. Une situation exceptionnelle et inattendue ? Plausible lorsque l’on regarde l’éphémère épidémie de SRAS de 2002. Pourtant, en vingt ans, le monde a changé en profondeur. Et ces virus, bien que proches cousins, ne sont pas si semblables que ça. L’une des différences majeures entre le SRAS et le Covid-19 permet de comprendre pourquoi le virus s’est tant répandu à travers le monde : l’infectiosité.

Les temps d’incubation du SRAS et du Covid-19 s'avèrent assez similaires : les malades développent des symptômes en moyenne entre 2 et 7 jours après l'infection (même si des périodes allant jusqu’à 2 semaines ont déjà étés observées). Cependant, l’infectiosité des malades diffère.

Les personnes atteintes du SRAS n’étaient infectieuses qu’à l’apparition des symptômes. Peu de personnes étaient asymptomatiques ou ne montraient que des signes légers de la maladie. Dans une interview accordée au site web du Forum Économique Mondial, le Dr. Todd Pollack, professeur assistant à l’école de médecine de Harvard, explique que cette caractéristique a été un avantage pour contenir l’épidémie. « Il était beaucoup plus facile de procéder à l'isolement et à la recherche des personnes ayant eu un contact avec des malades du SRAS, car si vous étiez infecté, c'était assez évident » souligne-t-il « Et ainsi, le SRAS a disparu grâce aux mesures de santé publique ».

Avec le Covid-19, les choses se compliquent. De nombreuses personnes sont asymptomatiques et celles ayant des symptômes ont pu transmettre le virus avant les premiers signes de la maladie. « Il est beaucoup plus difficile de trouver et de suivre les personnes infectées par le Covid-19. C’est une bonne chose qu’il soit moins mortel que le SRAS mais sa transmissibilité plus élevée le rend plus beaucoup plus difficile à contrôler », avertit Pollack. Les personnes asymptomatiques ou n’ayant pas encore eu de symptômes n’ont pas toujours été mises en quarantaine assez rapidement et ont répandu le virus sans le savoir.

À noter également que, dans le cas du SRAS, aucun cas de transmission par une personne asymptomatique ou présentant peu de symptômes n’a été détecté, selon la revue scientifique The Launcet.

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Cachez donc cette maladie que je ne saurais voir

Lors de l’épidémie du SRAS, la Chine a tenté de cacher la poussière sous le tapis, de peur d’un impact du virus sur son économie. L’empire du Milieu n’a prévenu l’OMS que le 11 février 2003, soit trois mois après l’apparition des premiers cas. Le pays reportait 305 cas de SRAS pour 5 morts. Heureusement, au vu des caractéristiques du SRAS, il a été possible de mettre en quarantaine les malades, de retracer tous leurs contacts et de contenir l’épidémie.

Pour ce qui est du Covid-19, l’OMS a salué la Chine pour avoir transmis des informations rapidement. Les autorités chinoises ont prévenu l’OMS le 31 décembre 2019, lorsqu’une douzaine de personnes étaient atteintes de pneumonies d’une cause encore inconnue. Le 23 janvier 2020, alors que la Chine compte 571 cas de Covid-19, la ville de Wuhan est mise en quarantaine. D’autres cas sont détectés dans le reste de la Chine, au Japon, en Corée, en Thaïlande et aux États-Unis. Le virus se déplace. Des malades, n’ayant pas encore de symptômes, transmettent le virus inconsciemment.

La transparence de la Chine face au Covid-19 a depuis été remise en question. Le pays est accusé par certains d’avoir minoré le nombre de cas et de morts. Des files devant les crématoriums de Wuhan et un nombre important d’urnes funéraires sèment le doute.

La mondialisation et la croissance chinoise aggravent la propagation

Un autre facteur important de la propagation du Covid-19 reste le déplacement des personnes malades. Celles-ci n’étant pas toujours conscientes d’être atteintes par le virus se déplacent et le transmettent.

Wuhan, le lieu d’origine de l’épidémie, compte 11 millions d’habitants. Gares, ports et aéroports la relient aux plus grandes villes chinoises et aux quatre coins du monde. Cette position semble particulièrement propice à la propagation du coronavirus.

Wuhan Liaisons terrestres

Wuhan liaisons aéroports

Captures d'écran d'une vidéo du Wall Street Journal indiquant les liaisons terrestres et aéroportuaires de la ville de Wuhan.

De plus, l’essor économique de la Chine a permis à de plus en plus de Chinois de prendre l’avion. Entre 2000 et 2018, le trafic aérien a explosé. De 61 millions de passagers transportés en 2000, on passe à 611 millions en 2018, soit une hausse de 988%. Le tourisme extérieur s’est également développé, passant de 10 millions à 149 millions de départs vers l’étranger, une hausse de 1430%. Des facteurs qui, malgré les mesures de confinement prises par les autorités, ont surement aidé à la propagation du Covid-19 à travers le monde.

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