Les étudiants précaires attendent de l’aide


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Mélanie Briamont

Si le Covid-19 et le confinement engendrent beaucoup de questions et d’incertitudes pour les travailleurs, les étudiants sont aussi dans le désarroi et l’anxiété. Neuf jours après le début du mois, trois étudiants ne sont toujours pas parvenus à s'acquiter de leur loyer.

« Mon travail d’étudiant n’est pas un loisir »

Inscrite en 3ème année en communication à l’Université de Liège, Lucie, 22 ans, fait partie de ces étudiants qui payent leurs factures grâce à leur job d’étudiant. «Je suis dans l’obligation de travailler car j’ai décidé de quitter le nid parental et je dois subvenir à mes besoins. J’entends par là mon loyer, mes frais énergétiques et ma nourriture ». Un labeur imposé à gérer entre les heures de cours et les activités extra-scolaires, comme c’est le cas pour ses deux autres colocataires. 

 Si, en général, la jeune fille arrive à s’en sortir, ce n’est plus réellement le cas depuis l’annonce des mesures gouvernementales liées au Covid-19. « En temps normal, je jongle entre trois  jobs étudiants différents. J’essaye d’arriver à un total de 60h par mois pour gagner entre 400 et 450 euros. Mais depuis les mesures prises par le gouvernement face au coronavirus, je me suis retrouvée complètement coincée. Deux de mes emplois étant dans le secteur de l’HoReCa, je me suis retrouvée dans l’impossibilité de m’y rendre. » 

Comme tout le monde le sait, la nouvelle est tombée lors de la conférence de presse du 12 mars. La jeune jobiste apprend  en direct, devant sa télévision, que deux de ses sources de revenus sur trois sont suspendues, et ce pour une durée indéterminée. Tout le monde est sous le choc, à commencer par les patrons des établissements. Un climat anxieux s’installe rapidement. Au vu des directives gouvernementales, le travail dans le secteur de l’alimentation est, lui aussi, chamboulé. Une baisse du nombre d’employés nécessaires engendre évidemment une diminution du nombre d’étudiants jobistes. « Ils privilégient, de manière compréhensible, les employés. Toutes mes heures du mois de mars m’ont été supprimées, et je n'en presterai qu’une petite dizaine pendant le mois d’avril à la place des cinquante prévues », regrette Lucie.

« On se sent laissé pour compte »

Les conséquences sont claires et brutales : aucun revenu pour le mois de mars, une somme minime pour le mois d’avril et des incertitudes pour les mois à venir. « On se sent laissé pour compte », déplore la jeune femme. S'il est clair pour les étudiants que la crise sanitaire que traverse notre pays est difficile à gérer à plusieurs niveaux, ils déplorent tout de même le manque de considération qui leur est accordé. Aucun revenu ne leur est proposé pour les aider à traverser cette crise financière. Aucune information ne leur est fournie et, pire encore, règne l’impression que « les grands » de ce pays, les politiciens et le gouvernement, ferment les yeux sur leur réalité quotidienne. Compter sur sa famille ou sur le CPAS ? Ces solutions ne semblent pas à la portée de tout le monde. Les quelques réponses aux questions dénichées sur le net affirment que rien n’est mis en place pour les étudiants qui n'ont plus accès à leur job. Pas ou peu de moyens pour surmonter ces difficultés financières. Cependant, la vie continue de tourner, et les factures d’arriver. Il s’agit sans aucun doute d’une source de stress supplémentaire pour les étudiants ainsi que leurs parents. Celui-ci s’ajoute à cette période éprouvante dans laquelle entrent les élèves. Ils doivent plus que jamais se pencher sur leurs cours et préparer leurs examens à venir. « Ce n’est pas un climat enclin au travail », condède Lucie, qui peine à se concentrer.

Heureusement, vivant dans une colocation avec deux étudiants dans la même situation, elle reste positive. « Nous traversons tous la même période difficile ». Tout le monde se serre les coudes, en espérant que « les grands », le gouvernement, les entités fédérées, tendent la main aux plus petits, et leur demandent si tout va bien.

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