Le jazz s’expose à Saint-Luc en mode BD


Dans Culture
Chelsea Kinzunga

Le festival de la BD à Liège présente l'expo «Jazz et BD» jusqu'au 27 avril. Orchestrée par l’ESA Saint-Luc et la Maison du Jazz, elle invite à une réflexion profonde sur l’intersection entre art, culture et identité. Compte-rendu de cette expérience immersive. 

Une collection variée de planches de bandes dessinées est mise à l’honneur, à cheval entre les espaces sobres, mais empreints d’histoire, de la salle capitulaire et de la Gallery Box de l’ESA Saint-Luc. On y croise des artistes tels que Jampur Fraize, Jean Bourguignon, Thierry Bouüaert, Joe G. Pinelli ou encore François Walthery, papa de Natacha.

Entrée de la salle capitulaire de l’ESA Saint-Luc.Entrée de la salle capitulaire de l’ESA Saint-Luc - © Chelsea Kinzunga

Ces artistes locaux ont un point commun: leur dévotion pour le jazz. L'amour pour cette musique transparaît dans leurs œuvres narrant des histoires fascinantes, à la façon d’un concert improvisé des icônes Miles Davis et Jerry Lee Lewis. Le mépris des blancs envers le jazz, cette musique qui puise ses racines profondes dans la culture afro-américaine, se ressent dans ces créations.

Yves Budin, portraits.

Yves Budin, portraits - © Chelsea Kinzunga

Giant Steps - John Coltrane

Bercés par les rythmes envoûtants de Miles Davis, foulant un sol grinçant au gré de leurs pas, les visiteurs sont transportés dans le temps et l’espace. Les dessins de Louis Joos nous immergent dans les séances d’enregistrement de Thelonious Monk, génie de l’instantané ayant marqué l’histoire de la musique par son improvisation.

Planche extraite de “Monk” de Louis Joos.

Planche extraite de “Monk” de Louis Joos - © Chelsea Kinzunga

Le jazz a joué un rôle crucial dans la vie artistique de Joos. Un morceau a même littéralement transformé son existence: «Jordu», de Clifford Borwn et Max Roach. L'auteur expose son influence en dessin, mais également via les cartels essaimés dans l'exposition. L'on y apprend que le jazz a soufflé un vent de fraîcheur sur son langage artistique.

Cette exposition, touchante et inspirante, démontre que le jazz n’a rien d'une musique datée et continue à toucher et à inspirer ces artistes contemporains. Les illustrations semi-abstraites de Jean-Claude Salemi guident le visiteur au fil du parcours et stimulent son imagination. Guitariste de jazz au sein du groupe Swing Box, Salemi incarne lui aussi à merveille la fusion entre jazz et bande dessinée.

Sophisticated Lady - Duke Ellington

Last but not least, les visiteurs ont l'opportunité de plonger dans les processus créatifs des artistes. En plus des illustrations abstraites, des croquis et des planches de bande dessinée sont également exposés. Cette immersion offre un aperçu fascinant du travail en cours de certains créateurs, dévoilant les coulisses de leur maestria. Cette présentation variée reflète la diversité et la complexité de la bande dessinée, évoquant subtilement l'esprit improvisé du jazz.

Croquis divers, BD, gazettes dessinées.

Croquis divers, BD, gazettes dessinées - © Chelsea Kinzunga

Flight Time - Donald Byrd

Longtemps considérés comme des sous-cultures, jazz et bande dessinée se marient parfaitement, défiant les normes sociales et politiques. Ils offrent une voix alternative aux marginalisés et soulignent l'importance de l'expression et de l'acceptation de soi. Cette exposition constitue une brillante illustration d'une alliance entre deux genres artistiques marqués principalement par la liberté et l'indépendance.

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