Chris Alexxa, la nature pour muse


Dans Culture En ville
Ornella Foalem

Installée dans une toute nouvelle boutique situé En Neuvice, Chris Alexxa confectionne des bijoux inspirées par le monde végétal. Son mot d'ordre pour percer dans l'artisanat: créativité, confiance en soi, et travail.

received 829600619038662À la suite de sa dernière grossesse, Chris Alexxa (de son vrai nom Christine Alexandre) se découvre une véritable passion pour l’artisanat bijoutier. Encouragée par son mari, cette designeuse industrielle décide de se lancer. Autodidacte, elle croise des fondeurs affirmant que la fabrication de bijoux serait un “«métier d’hommes». Elle rétorque : «le design industriel est une profession masculine... que j'exerçais». Bien mouchés, ces fondeurs de la Maison Chanel la prennent sous leurs ailes : avec eux, Chris Alexxa acquiert la vitesse, la performance, et la qualité. De retour chez elle, la créatrice se lance pleinement dans cette nouvelle activité. Entourée d’une petite équipe, Chris Alexxa se spécialise dans la confection de bijoux au style organique et végétal. Rencontre. 

mceclip0 - 2024-04-17 08h42m18s À l'intérieur de cette boutique, la créativité fleurit - © Lara Wilkin  

 Quelles sont vos principales sources d'inspiration lorsque vous confectionnez des bijoux ?  

Je suis une passionnée de jardinage et de botanique. J’aime me balader et glaner ce que je trouve sur mon chemin. Mes collections sont inspirées par un végétal ou un minéral. Pour la confection des alliances, mon équipe et moi-même travaillons avec du titane, du tantale, et du carbone. Ce sont des matériaux utilisés en artisanat parce qu'il se révèle assez ardu de travailler avec ses métaux. On pratique également énormément le sur-mesure : le plus souvent je dessine le projet, si les clients ne viennent pas avec des idées particulières. 

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Organique et floral, tels sont les termes qui décrivent le style de Chris Alexxa - © Lara Wilkin  

Votre production est-elle entièrement locale ?

La fabrication de nos pièces a intégralement lieu dans notre atelier. En ce qui concerne mes fournisseurs, ils sont européens. Les pierres que j’utilise viennent d’Allemagne et de Belgique. Nos chaînes sont italiennes.  

Pratiquez-vous l’upcycling [recyclage] de l’or ?  

On essaie de tourner en cycle fermé et de recycler le plus souvent. Ça fait un petit moment qu’on n’achète plus d’or. La plupart de nos clients nous ramènent celui qu’ils ont chez eux. Certains d’entre eux payent la façon avec de l’or, ce qui permet ensuite de fabriquer nos collections. Une de nos spécialités est ce que j’appelle l’or «émotionnel» : on récupère les bijoux de famille ayant une grande valeur sentimentale, et on les fond pour en faire une toute nouvelle création. 

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Dans la confection d'une bague, chaque détail compte - © Lara Wilkin  

Quelles sont les principales embûches entravant l'artisanat liégeois ?

Certains penseront d’abord aux travaux du tram, qui compliquent l’accessibilité aux boutiques du centre-ville. Selon moi, le plus dur est de croire en soi. Si vous avez confiance en vous, si vous avez une bonne communication avec la clientèle, que vous dépensez votre énergie à faire votre boulot plutôt qu'à vous plaindre... je pense qu'il y a tout à fait moyen de s'en sortir. 

Considérez-vous qu'une solidarité vous lie aux autres artisans bijoutiers de la ville ? 

Je ne sais pas s'il existe une franche camaraderie mais, en tout cas, on ne se tire pas dans les pattes. On identifie ceux qui sont tout près de nous : je connais très bien Lara (Malherbe) et Bruno David, et je n’hésite pas à conseiller leur travail à mes clients. Par exemple, je ne suis pas chaîniste : quand un client me demande une chaîne, je vais le diriger vers un autre collègue. Tous les artisans-bijoutiers de la ville ont un style différent. L'identité propre constitue aussi une force : Lara (Malherbe), Bruno David, Fanny Willem ont leur propre univers, et j’ai le mien aussi. Nous n’avons aucune raison de ne pas nous entendre. 

Comment luttez-vous contre les grandes marques ?

On ne touche pas le même public : les personnes qui souhaitent acheter de la marque ou des bijoux ostentatoires iront chez Cartier, jamais chez moi. Il existe aussi maintenant des monstres industriels comme Pandora : ces marques ne possèdent pas de prestige, mais elles ont pris de l’importance ces dernières années. Ce n’est pas un combat qu’il faut mener. Il s'agit simplement de se forger un nom dans son domaine, avec son identité en guise de fer.

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