Captures d'écran : Mobius Digital/Annapurna Interactive
Exploration, compréhension du passé, boucle temporelle... Outer Wilds emmène aux confins de l'univers. Le jeu d'aventure spatiale exploite un élément particulier dans son gameplay : la physique quantique.
Outer Wilds est un jeu vidéo indépendant édité par Annapurna Interactive. Simple projet étudiant de la Team Outer Wilds au départ, il est repris par le studio Mobius Digital. Il sort en 2019 et rafle plusieurs prix. Excellence en Game design, British academy award du Meilleur jeu de l'année... Le titre rencontre un franc succès.
Outer Wilds, notre navette spatiale sur la passerelle de décollage
Très apprécié par son public, le jeu d'aventure et de simulation spatiale l'emmène vers d'autres cieux. Le joueur, ou la joueuse, incarne un nouveau spationaute dans le cadre du projet Outer Wilds Ventures. Son objectif : découvrir les origines de son espèce. Il lui incombe de retrouver l’héritage des Nomaïs, une race disparue. Vestiges et technologies anciens, les ancêtres de notre personnage surprennent par leur ingéniosité. Ces mécanismes fonctionnent selon une particularité : la physique quantique.
Un gameplay au-delà du réel
Boucles temporelle, imagerie quantique, chat de Schrödinger, relativité du temps et horizon des événements. La liste des théories s'allonge. Pour les besoins ludiques du jeu, certaines se présentent de manière romancée. Par exemple, notre personnage peut sauter à pieds joints dans un trou noir et s'en sortir (voir capture d'écran ci-dessous). Albert Einstein en aurait le sommeil troublé.
Le saut dans le trou noir sur la panète Cravité
De l'autre côté du trou noir
Ce passage d'une réalité à l'autre fait référence à la théorie du « trou de ver » ou « trou blanc ». Introduite par le cosmologiste soviétique Igor D. Novikov en 1964, la « fontaine blanche » constitue un concept théorique de la relativité générale d'Einstein. Pour résumer, le trou noir équivaudrait à l'entrée d'un tunnel vers une autre réalité. L'hypothèse demeure néanmoins une pure spéculation, improuvable en l'état. Mais, restons honnête, le saut vers l'inconnu n'a jamais été aussi fun !
Fluctuations quantiques sur la planète Léviathe
Les Nomaïs, maîtres des puzzles quantiques
Sur Léviathe, la planète aux tornades, se trouve une tour Nomaï antique. A l'intérieur, une succession de couloirs. Au milieu, un fragment d'origine inconnue. Etrange, sombre, il semble flotter au milieu de la pièce. Premier réflexe de joueur : on dégaine son appareil d'analyse. Mais, surprise : fritures sur la ligne.
La courbe des fréquences sonores fluctue (voir capture d'écran ci-dessus). Cette oscillation se traduit par un son particulier, presque inquiétant. Les scientifiques connaissent cette fluctuation sous le nom de « bruit de grenaille » ou encore shot noise en anglais. Nicolas Treps du Laboratoire Kastler Brossel de l'Université Pierre et Marie Curie, explique ce phénomène lié à la lumière. Celle-ci est une onde : « Ce bruit limite […] la quantité d’information que l’on peut coder dans un faisceau lumineux ». Ce décodage nous permet de distinguer les sons tout comme les images. N'oublions pas que l'être humain reste « aveugle ».
« Observer un objet quantique. Observer l'image d'un objet quantique. Il n'y a là aucune différence ». Outer Wilds, écritures Nomaï
Instructions Nomaï
Le morceau d'île se volatilise soudain. Notre astronaute se retourne. Le fragment se téléporte ailleurs dans la même pièce. Il appartient en réalité au domaine quantique. Il représente l'image, le reflet de l'objet et pas l'objet lui-même. Pour cette raison, il disparaît de notre plan d'existence ou de notre « référentiel » quand il sort de notre champ de vision sans pour autant ne plus exister : c'est la théorie du chat de Schrödinger.
1935. Erwin Schrödinger, un physicien viennois, imagine une expérience. Son but : présenter les faiblesse de l'Ecole de Copenhague sur la conception de la « mesure » en physique quantique. Le problème de la mesure correspond aux difficultés de lier postulats de mécanique quantique et monde macroscopique. Celui que l'on peut mesurer et voir concrètement. Le chat imaginé se retrouve dans une boîte scellée. Dedans, un flacon de gaz mortel relié à une source radioactive et à un compteur Geiger. La fiole se brise si l'appareil détecte un certain seuil de radiations. Le chat meurt. Cependant, selon les observations de la « mesure », le sujet se trouve dans un état déterminé : soit mort, soit vivant. Simultanément.
Ce phénomène théorique s'observe dans les énigmes d'Outer Wilds.
Le guetteur, meilleur ami de l'astronaute
Armé de son compagnon de voyage, une sonde ou un « guetteur », le joueur prend des photographies du paysage et envoie l'appareil en éclaireur dans des zones hostiles. Cet outil bien pratique possède aussi une autre fonctionnalité : résoudre les énigmes quantiques.
Les sources de lumière gravitationnelles mauves, observables sur l'image ci-dessus, disparaissent aussitôt que notre explorateur tourne le dos. La solution : le guetteur. Pour résoudre l'énigme, il faut en fait prendre des photos avec cet appareil. Le but : garder une image de l'objet afin qu'il demeure dans la même réalité que le personnage. On peut ainsi gravir le mur et passer à l'étape suivante.
Gameplay innovant, univers captivant. Outer Wilds pousse sans cesse à la découverte. En haut de la tour Nomaï, une dernière inscription attire le regard : « vous marchez dans les pas de vos prédécesseurs, et votre chemin guidera ceux qui viendront après vous ».
La boucle est bouclée, décollons vers d'autres mystères.