Sans-abris, aux dernières loges


Dans En ville
Séverin Espel

Les associations liégeoises se mobilisent contre le mal-logement. La problématique semble s’amplifier. À travers des actions collectives, ces institutions souhaitent créer une dynamique citoyenne.

L’expulsion des sans-abris de la gare des Guillemins incarne un énième symbole de la précarité dans le paysage liégeois. Cette situation a le mérite de mettre en lumière le problème du mal-logement à Liège et plus globalement en Belgique. Une assemblée citoyenne s’est tenue au Centre PolyCulturel Résistances de Liège jeudi 27 avril, rassemblant une trentaine de civils. Cet espace de parole s’inscrit dans le cadre de la campagne européenne Housing Action Day, qui a lancé de nombreuses mobilisations le 26 mars dernier, notamment à Bruxelles, Charleroi et Liège. 

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Sollicitée, l’Housing Action Day Liège apporte des précisions sur l’état du mal-logement dans la ville et la nécessité des ASBL : « Après les inondations en 2021, nous avons remarqué que les associations ne se connaissaient pas forcément. Pour cette raison, nous avons formé un regroupement associatif », affirme Nathalie Dupont, porte-parole de la campagne à Liège. Pour elle, le phénomène du mal-logement constitue « un problème global, même si Liège est une région qui cumule avec les inondations, le chômage, l’inflation... ». Les diverses victimes que rencontrent les associations sur le terrain sont souvent des « travailleurs pauvres, des personnes avec ou sans enfant... ». Elle ajoute que les personnes mal-logées seraient confrontées à une sélection : « Empilant les difficultés, ils n’ont souvent pas le bon profil pour paraître éligibles aux yeux des propriétaires ». La porte-parole déplore un manque de logements dans la Ville : « On démolit sans forcément reconstruire. Le problème perdura tant que l’offre de logements sera inférieure à la demande ».

Autre acteur de terrain et participant à ce regroupement associatif, le Rassemblement Wallon pour le Droit à l’Habitat lutte aussi contre « les expulsions, contre l’inoccupation, la lutte contre les passoires énergétiques, etc. » Il se considère comme « acteur de deuxième voire troisième ligne qui mobilise des associations, fédérations, mouvements et habitants pour collectivement faire avancer le droit à l’habitat ». L'organisation démontre aussi la nécessité de former un réseau associatif solidaire : « on s’appuie sur des dynamiques locales de mobilisation et d’interpellation autour des questions de logement. Par exemple la Plate-forme Housing Action Day Liège, acteurs de la concertation locale quartier Saint-Nicolas à Namur, DAL Tournai et ses partenaires ».

Alors que le site internet de Liège chiffre à 40.000 le nombre de personnes y vivant sous le seuil de pauvreté, le regroupement associatif qui lutte contre les différentes situations de précarité « ne demande qu’à être reçu par la Ville ». En attendant, les associations continuent les actions collectives. Rendez-vous était donné par ces organismes le 1er mai pour un petit-déjeuner solidaire en soutien aux SDF des Guillemins.

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