Game Ovaires pour Sarah Schlitz


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Lola Fonta

Photo : Markus Spiske

L’annonce de la démission de la Secrétaire d’État à l’Égalité des Genres, des Chances et à la Diversité remue le monde activiste. La militante féministe a fait des droits des femmes et des minorités ses chevaux de bataille. Liégeoise, elle représente une figure clé du terreau militant féministe et associatif de la cité ardente. 

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Éléonore Goffin a connu des jours meilleurs. La fondatrice du collectif À nous la nuit encaisse mal la nouvelle. « Nous sommes profondément dégoutés. Elle fait face à une injustice totale ». Un goût amer laissé par le sentiment d’un deux poids, deux mesures. « On parle d’erreur terrible, de catastrophe. Elle a le courage de dénoncer une société patriarcale, alors que d’autres continuent à profiter de sommes d’argents publics, de parachutes dorées… »

Jeux dangereux

La tournure des évènements les alerte sur l’état du paysage politique actuel. « Cet épisode montre que la N-VA et l’extrême droite prennent une place grandissante dans le débat politique en Belgique. On le déplore fortement ». 

Florence, du collectif Et ta soeur?, analyse ce moment comme un retour de bâton : « C’est une femme en politique. Elle représente un symbole. Le symbole de la lutte pour les minorités, les femmes, pour la cause LGBTQI+. Ils l’ont attaqué. L’extrême droite manoeuvre pour empêcher la poursuite de ce travail ».

Dans l’enceinte de l’Université, le bastion féministe campe des positions variées. « Certains ont réagi avec déception, d’autres ressentaient une haine pour Sarah Schlitz », explique Séverine Arnoldy, membre du cercle féministe de l’Uliège. De son côté, l’étudiante en Sciences politiques marque une distinction nette entre le poste gouvernemental et le travail militant : « Si on parle de la Sarah Schlitz militante, évidemment que ça heurte en tant que féministe. Apposer un logo avec son prénom demeure déontologiquement incorrect pour une secrétaire d’État. C’est une faute grave. La nier ne serait pas correct ». Elle reconnait toutefois une disproportion de la sanction. 

Une quête mise à mal 

Inscription de la notion de consentement dans le Code pénal, mise en place d’un plan d’action national de lutte contres les violences basées sur le genre… Sarah Schlitz laisse la marque de son action auprès des militantes liégeoises. « Nous retenons sa proximité et sa réactivité. Elle mène des actions concrètes et directes. Nous avons pu bénéficier de financements et de soutien pour nos projets », affirme Éléonore Goffin. 

Pour les activistes, la lutte continue mais la chaise vide au fédéral les préoccupe. À la Chambre, le député Sander Loones (NV-A) ne juge pas nécessaire de remplacer l’ex-secrétaire d’État. « Il existe une volonté réactionnaire de faire disparaître ce portefeuille ministériel et en conséquence, les féministes de la sphère publique », appuie Léa Charlet, coordinatrice d’écoloj. 

Toutes s’accordent sur la nécessité de conserver ce poste. Le contraire représenterait « un danger pour la démocratie », s’attriste Séverine Arnoldy. « Nous espérons que sa démission entrainera un remplacement par une personne équivalente.», conclut l’étudiante. La partie ne fait que commencer. 

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