Dures à queer


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Valentine Pasque

Photos : Valentine Pasque

Les Territoires de la Mémoire organisent l’exposition « Constellations  brisées ». En collaboration avec le collectif Queer Code, elle revient sur l’Histoire invisibilisée des femmes homosexuelles déportées durant la Seconde Guerre mondiale.

Elles s’appellent Henny, Martha ou encore Yvonne. Résistantes, juives, parfois les deux. Elles aiment par ailleurs les femmes. Toutes partagent un destin commun : la déportation. L’exposition se penche sur leur histoire au travers de portraits. Le but : rendre compte du parcours invisibilisés de ces femmes, de leurs résistances, leurs émancipations, leurs amours et leurs plaisirs.

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Portraits et histoires de femmes lesbiennes déportées 

Isabelle de Sentis, historienne et co-fondatrice du collectif Queer Code, aborde les motivations qui l’ont conduites à cette démarche mémorielle. « En France, il y a 30 ans, j’avais la vingtaine et je n’ai pas pu assister à une commémoration de victimes de la déportation. Parce que les homosexuels ne pouvaient pas s’y rendre à l’époque. Nous étions citoyens, c’était une grosse discrimination ». Cet épisode révèle la militante à elle-même : « J’étais étudiante en histoire, j’ai des grands-parents résistants, et pourtant je me suis aperçue que je ne connaissais pas l’histoire des femmes homosexuelles à cette période. J’ai voulu m’y intéresser. Nous, les personnes LGBT, semblables à des archéologues, devons chercher notre histoire puisqu'elle est invisibilisée ».

Un écho qui résonne jusqu’à aujourd’hui

« L’idée, c’est de comprendre, au travers d’une meilleure connaissance de notre histoire, le vécu des lesbiennes à travers le monde aujourd’hui. La lesbophobie reste par exemple assez peu mise en lumière », poursuit l’historienne. En cette journée internationale de la visibilité lesbienne, l’exposition questionne nos réalités socio-politiques actuelles.

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Affiches « Les lesbiennes ont toujours été là » collées sur les murs de l’exposition

Les violences et discriminations envers les personnes LGBTQIA+ connaissent une forte hausse. Le 20 février, l’association ILGA-Europe a communiqué son rapport annuel concernant la situation des personnes LGBT en Europe et en Asie centrale. Le rapport glace : l’année 2022 s’impose comme l’une de celles les plus brutales depuis dix ans pour la communauté LGBT.

Si ce phénomène s’avère en augmentation, les récits présentés durant l’exposition concordent toujours avec le vécu des lesbiennes dans certaines régions du monde. Les relations homosexuelles entre adultes consentants restent criminalisées par au moins 69 pays sur le globe. Il faut rajouter à cet écueil que cinq pays prévoient toujours la peine de mort en cas de relations avec une personne de même sexe. Parmi ces nations : l’Arabie saoudite, le Brunei, l’Iran, la Mauritanie, le Nigéria et le Yémen. Les histoires de ces femmes résonnent encore comme une constellation brisée.

Infos pratiques :  

L’exposition est visible jusqu’au 15 mai, à la Cité miroir. L'entrée est gratuite.

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