Suzume : nouvelle consécration pour Makoto Shinkai ?


Dans Culture
Valentine Pasque

Photo : Valentine Pasque

Les salles obscures du pays accueillent, depuis le 12 avril, le nouveau long-métrage de Makoto Shinkai : Suzume. Après un succès public et critique avec le film Your name en 2016, le réalisateur peine depuis à se renouveler. Le « nouveau Miyazaki » parvient-il avec Suzume à reconquérir le cœur des aficionados d’animation japonaise ? Critique.

Cinq ans après le coup d’éclat de Your Name, le cinéaste japonais Makoto Shinkai revient sur le devant de la scène avec un troisième long-métrage, Suzume. Les fans du réalisateur espèrent beaucoup de ce nouveau film. Il faut dire que Weathering With You, la dernière œuvre en date du réalisateur, les a laissés sur leur faim. Le film souffre de la réussite de son prédécesseur et des similitudes qu’il partage avec lui. Les amateurs d’animation s’attendent donc à un réel changement de direction avec Suzume.

Avec 5 millions de dollars au box-office américain pour son premier week-end d’exploitation, le film d’animation connaît un bon démarrage. Cependant, peut-on dire que Makoto Shinkai réussi le pari de s’éloigner de sa zone de confort ? Pas tout à fait.

Suzume OK

Un semblant de « déjà-vu » 

Attendu au tournant niveau scénario, Suzume réussit à surprendre, mais pas suffisamment. Le long métrage raconte l’histoire de Suzume, une lycéenne qui, lors d’un trajet à vélo, croise un charmant jeune homme. Sota. Il recherche une porte abandonnée située dans la région. Intriguée, l’héroïne enquête. Une drôle de découverte l’attend, Sota, « fermeur de portes », scelle des passages menant à autre monde. Le but : empêcher une créature maléfique - responsable des tremblements de terre au Japon - de s’échapper. Pour défendre l’archipel, ils entreprennent un long voyage.

Sur le fond, le cinéaste s’en tient clairement à la recette de Your Name : une histoire d’amour, un brin magique, sur fond de catastrophes naturelles. Pas de changements et aucune surprise de ce point de vue. Ce recyclage devient redondant pour qui connait le travail du réalisateur. Cependant, Suzume plaira aux néophytes de l’univers de Shinkai, ou aux fans souhaitant retrouver une ambiance similaire à ses précédents films.

Une visite animée des paysages nippons

Suzume se distingue malgré tout par l’exploration du pays des chrysanthèmes. Là où Your Name et Weathering With You offrent principalement l'observation de paysages tokyoïtes, Suzume se révèle comme une véritable ode au voyage. Archipel de Kyushu, Préfecture d’Ehime, ville de Kobe, Mont Fuji : le spectateur parcourt le Japon accompagné des protagonistes.  Cette aventure permet au film de tirer son épingle du jeu vis-à-vis des autres réalisations de Shinkai.  

Visuellement, ce nouveau film s’avère fidèle à l’œuvre du cinéaste : un sans-faute. Le spectateur se balade aux quatre coins du pays, comme plongé dans une véritable carte postale. Le soin apporté par le directeur artistique, Takumi Tanji, se ressent tout au long du film. Ce goût du détail fait de Suzume une carte-postale qui se laisse apprécier par son esthétisme, au-delà de son scénario. 

RADWIMPS/Shinkai : un duo qui ne déçoit jamais

Le groupe japonais RADWIMPS, avec qui Shinkai collabore depuis Your Name, signe une fois de plus la bande-originale de cette nouvelle réalisation. Les musiques composées par le groupe viennent parfaitement habiller les décors fantasmagoriques du film. Le tandem fonctionne une fois de plus à merveille. Il arrache sans aucun mal quelques larmes aux spectateurs les plus sensibles. Certes, cette nouvelle association entre RADWIMPS et le réalisateur participe à l’effet de réchauffé. Néanmoins, la bande-originale se veut musicalement plus ambitieuse. On retrouve des sonorités beaucoup plus diversifiées que pour les deux précédentes réalisations. 

En phase avec la lignée de films poursuivie par Shinkai depuis Your Name, Suzume ne parvient pas à s’imposer comme le film du renouveau. L’œuvre s’avère-t-elle mauvaise pour autant ? Absolument pas. Elle reste excellente et séduira sans conteste de nombreux passionnés du 7ᵉ art et d’animation.

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