La gare comme seul refuge


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Séverin Espel

Photo : Séverin Espel

Une vingtaine de manifestants ont répondu à l’appel d’associations de lutte contre la précarité ce lundi. Ils dénonçaient le futur délogement de SDF dans le parking couvert de la Gare des Guillemins. Avant une séance plénière, ils souhaitaient alerter les conseillers communaux sur le sort de ces sans-abris.

Une quinzaine d’associations, dont les ASBL Benoît et Michel et Solidarité Nouvelle, avaient signé une « carte blanche collective » pour dénoncer une « situation désolante qui va pourtant encore empirer ». Rendez-vous était donné ce lundi en fin d’après-midi pour une mobilisation devant l’Hôtel de Ville de Liège. 

La raison de leur courroux ? Des travaux initiés par Sécurail pour l’installation de portiques automatiques qui provoqueront la fermeture du parking couvert P1 du 1er au 5 mai prochains. Une « vingtaine de personnes y logent à l’heure actuelle », selon la porte-parole de la SNCB. « L’objectif est de permettre un accès uniquement aux voyageurs de la SNCB qui utilisent le parking pour y garer leur voiture ».

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Des manifestants d'Housing Action Day déployant une banderole 

Au total, on pouvait dénombrer une petite vingtaine de manifestants sur place. Ils souhaitaient dénoncer le manque de volonté politique aux niveaux communal et régional et exigeaient que la Ville trouve une solution pour ces sans-abris.

« On attend une décision mais on ne l’aura pas. On attend des rendez-vous avec le bourgmestre depuis longtemps », déplore Benoît Lecoq, responsable de l’ASBL Benoît et Michel. « La Ville fait des choses, mais ce n’est pas assez ».

« Voir des SDF dérange », dénonce Nicolas Marakakis, animateur d’éducation permanente au sein de l’ASBL Solidarité Nouvelle.  « Ça dérange de voir des gens qui dorment à même le sol ».

Au niveau communal, quelques élus se sont emparés de la polémique. David Ambrosio (PTB) a ainsi sommé le bourgmestre de trouver des « réponses structurelles et non de gestion de la misère ». « Cette situation laisse des personnes sans autre solution que le trottoir ou une tente », regrette-t-il. 

De son côté, Willy Demeyer a préféré détailler la diversité des profils des sans-abris liégeois. Il s’est ensuite tourné vers les classiques : toxicomanie, insécurité et statut administratif des SDF. « Plus d’ 1,5 millions d’euros sont octroyées par la Ville de Liège aux dispositifs d’aide aux personnes en détresse. Avec le Relais social, 3 millions d’euros sont consacrés aux personnes fragilisées », s’est-il également défendu, tâchant par la même occasion d’éviter qu’on fasse porter le chapeau à lui seul. « La Ville prend part avec les moyens d’une entité locale, dans un contexte qui dépasse largement les compétences communales pour pallier les carences de l’État fédéral ».

Quant à la SNCB, exploitant de la Gare des Guillemins et à l’initiative des travaux, elle assure qu’elle participe à « des réunions régulières avec la Ville et les services sociaux locaux qui aident les personnes en errance ». Elle souligne également le fait qu’un « référent social opère depuis plusieurs semaines des passages très fréquents dans le parking de la gare afin de discuter de façon humaine avec les personnes sans-abris et de les orienter vers les structures adéquates, dont le Relais Social ». Mais, comme la Ville, l’entreprise publique tient à alléger sa part de responsabilité dans l’affaire : l’accueil des sans-abris ne figure pas parmi ses compétences.

On notera que le cortège devant l’Hôtel de ville a été grossi par une autre manifestation, pro-palestinienne. Surprise des deux côtés : personne ne s’était concerté, nous a-t-on assuré. Cette deuxième mobilisation, plus conséquente, était portée par Mehdi Salhi, conseiller communal du… PTB.

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