Ninon Dejarnac, du montage au maquillage


Dans Culture À l'unif
Lara Wilkin

Forte d’une solide réputation, l’INSAS compte parmi les écoles incontournables de cinéma en Belgique. Épreuves de sélection et concurrence étrangère n’ont pas facilité l’intégration de Ninon Dejarnac. Voulant poursuivre un cursus en réalisation, elle a retrouvé par hasard l'univers du montage, qu'elle avait déjà côtoyé par le passé.

 

Photo de Ninon Dejarnac

 

À l’âge de 15 ans, le cinéma s’impose comme une évidence pour la jeune étudiante. Passionnée de cinéma et de littérature, elle arpente les salles obscures à la recherche DU film qui lui procurera une émotion. Son imagination débordante va lui permettre de créer ses propres histoires. Munie de son vieil écran cathodique, elle s’initie aux prémices du montage vidéo et photo. Premier projet réussi. L’adolescente ambitionne une carrière dans le 7ème art.

Une question se pose : comment trouver l’école idéale ? Pas vraiment une partie de plaisir. « Ce n’était pas un secteur particulièrement valorisé et mis en avant par mon ancien établissement ». À l’époque, l’INSAS et l’IAD demeurent les deux seules options qui s’offrent à elle. Son choix se porte sur le premier, l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des Techniques de Diffusion, nettement réputé dans le milieu de la réalisation. La formation se révèle très exigeante pour les étudiants et son accès limité découragent la plupart d’entre eux. Les épreuves d’admission s’avèrent complexes, ce qui ne rassure pas Ninon.

Lors de portes ouvertes, en juin 2014, le stress de ce rêve enfin atteignable s’empare de Ninon. Cette après-midi-là, elle rencontre un professeur lui conseillant d’intégrer la section montage, moins prise d'assaut, afin de lui donner plus de chances d’intégrer cette école prestigieuse. « 80 candidats en montage contre 300 en réalisation, le choix semble vite fait ». Elle conclut : « il me reste encore la douloureuse épreuve de l’examen d’entrée ».

La première salve d’évaluation impose à Ninon Dejarnac de suivre une personne qui l’inspire. Elle réalise ensuite un court documentaire sur un métier hors du commun, celui de cadreur (le créateur de cadre en bois, pas la profession guidant la caméra). Pour la seconde épreuve, les candidats doivent visionner le court-métrage « Bleu » du réalisateur Krzysztof Kieślowski pour l'analyser. « C’était hyper flippant. On se retrouvait dans le noir, à écrire là où on pouvait. De plus, des étudiants français possédant déjà un BTS en cinéma en avaient déjà réalisé l’analyse ».

Vient enfin l’étape des oraux mais aussi de la première délibération. Angoissée à l’idée d’un refus catégorique, Ninon s’est inscrite en parallèle à l’INRACI, doyenne des écoles de cinémas belges, puisqu’aucune épreuve d’admission n’était requise. « Même si l’INRACI n’était pas mon objectif premier, j’ai assuré mes arrières ». La seconde salve d’évaluation consistait en la projection de rush (séquence de film non montée) du drame d’Alain Resnais, « Mon oncle d’Amérique ». Avec comme seul outil, un crayon et une feuille, la jeune étudiante tente tant bien que mal d’imaginer un montage dans sa tête.

Ninon Dejarnac s’en sort finalement avec la place de première de sa section. « Je suis quasiment convaincue que le fait d’être une jeune fille belge, âgée d’à peine de 18 ans, a eu un impact sur mon inscription », avoue-t-elle. C’est extrêmement rare qu’une personne aussi jeune soit admise. Après 3 années de bachelier et des séances de montage intensives, elle finira par s’inscrire à l’école de maquillage Finotto, préférant une place sur le plateau plutôt que dans les coulisses. « Travailler en tant que monteuse dans le cinéma, c’est très difficile en Belgique. Surtout sans piston ».

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